Il s’est dit conscient de prendre la tête du gouvernement dans un moment difficile. Luc Frieden faisait, à la mi-novembre 2023, surtout allusion aux graves tensions géopolitiques, avec les guerres en Ukraine et à Gaza. Le successeur de Xavier Bettel n’oubliait pas les problèmes touchant le Luxembourg. Ses grandes priorités étaient d’augmenter le pouvoir d’achat et de relancer le marché immobilier. Et, il faut l’admettre, le nouvel exécutif conservateur-libéral n’a pas trop tardé pour agir. Après la rentrée de septembre, le Premier ministre et son équipe se disent décidés à passer à la vitesse supérieure, notamment dans la double lutte contre la pénurie de logements et les inégalités sociales.
Malgré les avancées, souvent contestées par les partis de l’opposition, il est probable que l’autoproclamé CEO (ou directeur général) du pays ne s’était pas attendu aux importants vents contraires qui marquent la première année de son mandat. Luc Frieden a déjà eu à gérer pas mal de dossiers épineux, en partie provoqués par ses propres ministres. On peut rappeler les faux pas à répétition de Léon Gloden dans le contexte de l’interdiction de la mendicité à Luxembourg-Ville. Il faut aussi citer le rappel à l’ordre adressé à Claude Meisch, un moment soupçonné d’avoir agressé une collaboratrice sur la place publique.
Le chef du gouvernement s’est lui-même brûlé les doigts à plusieurs reprises, en raison de sorties médiatiques hasardeuses sur les relations à entretenir avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, ou sur le soutien à apporter à l’énergie nucléaire. Luc Frieden avait aussi suggéré à la presse de passer à autre chose, estimant que le débat sur la mendicité était largement exagéré.
Et puis, il y a eu des évènements sans implication directe du gouvernement, dans lesquels le Premier ministre est mis à l’épreuve. Le détournement de 61 millions d’euros chez Caritas est le dernier rebondissement en date. Les réunions de crise s’enchaînent au ministère d’État pour sauver les deniers publics engagés, mais aussi contribuer à la survie d’un partenaire essentiel du gouvernement dans le domaine humanitaire. Luc Frieden continue de s’affairer, fidèle à son engagement «d’agir dans l’intérêt de tous les citoyens».