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Earth Overshoot Day : à partir de jeudi, l’humanité vivra à crédit


Dans le cadre des JO, Votum Klima a organisé une course entre la Terre et le Luxembourg. La ligne d’arrivée est un équilibre inatteignable.

Le Luxembourg emprunte dix mois sur douze. À la veille du jour du dépassement de la Terre, Votum Klima a filé les métaphores olympiques pour alerter sur notre utilisation des ressources.

À partir de demain, nous vivrons à crédit. Nous aurons épuisé toutes les ressources de la planète sans nous en rendre compte puisqu’elle continue de tourner et nos vies avec. Au Luxembourg, ce Earth Overshoot Day arrive même beaucoup plus tôt. Le 20 février dernier, le Grand-Duché a établi le triste record d’être le premier pays européen et le deuxième pays au monde à avoir épuisé toutes ses ressources naturelles.

Comme le rappelle la plateforme Votum Klima en marge d’une action de sensibilisation organisée hier sur la piste d’athlétisme au Geesseknäppchen, si la population mondiale vivait comme nous vivons au Luxembourg, il nous faudrait dépouiller sept planètes pour survivre une année. À l’échelle mondiale, il nous faut «seulement» 1,7 planète.

Le bilan n’est pas fameux. «On a une extraction beaucoup trop grande des ressources naturelles, beaucoup trop de pollution due à l’activité humaine et des surfaces vertes réduites», explique Frédéric Meys, chargé de communication de Greenpeace Luxembourg.

«Le Luxembourg est un petit pays avec une population dense de personnes issues de l’étranger qui y travaillent et y consomment. Il ne faut pas non plus négliger l’impact du tourisme à la pompe et le niveau de vie des Luxembourgeois qui amène une consommation plus importante que dans d’autres pays.»

Cette consommation entraîne des émissions de gaz à effet de serre plus importants également. S’y greffent «une artificialisation des sols» croissante ainsi qu’une baisse des surfaces naturelles au Luxembourg qui a peu de ressources propres et doit compter sur l’importation.

L’environnement naturel et la biodiversité sont dans un état déplorable, selon la plateforme associative qui dénonce l’influence de l’agriculture industrielle et propose des alternatives plus respectueuses des ressources naturelles comme l’économie circulaire, la sobriété énergétique, la mobilité partagée et une révision complète de nos modes de consommation. Encore faut-il y succomber.

«Maintenir la vie tout simplement»

L’action de Klima Votum va être relayée sur les réseaux sociaux dans un but de sensibilisation. «Le grand public n’est pas encore suffisamment conscient de l’impact environnemental de nos activités. Et principalement au Luxembourg», note Frédéric Meys. «Le gouvernement donne des signaux positifs qui vont dans le bon sens, mais le pays reste quand même le premier pays européen à atteindre son jour de dépassement. Cela a le mérite d’être rappelé.»

Le premier pays européen et le deuxième au monde derrière le Qatar. «Dans le top 5, on retrouve des pays développés et occidentaux. Le Luxembourg et le Qatar sont deux petits pays riches avec des modes de consommation identiques et présentant une dépendance au niveau des énergies fossiles», indique Frédéric Meys.

Le Qatar continuant à exporter «ses efforts en matière de développement d’énergies renouvelables qui s’apparentent presque à du green washing pour nous».

Chaque geste compte, selon Votum Klima. Même si «ce sont les grands changements systémiques qui pourront nous faire changer de direction pour arriver à un avenir plus durable et maintenir la vie sur la planète tout simplement». Votum Klima demande notamment l’application de règles plus strictes dans le secteur financier pour aboutir à une finance plus durable.

«Des milliards pourraient être réorientés au lieu d’investir dans l’énergie pétrolière qui est une industrie vouée à disparaître», précise Frédéric Meys avant de bifurquer sur la thématique du changement climatique.

Cette année encore, l’Earth Overshoot Day a une journée d’avance sur l’année passée. En 1971, il arrivait le 25 décembre. Deux dates qui montrent à quel point nous fatiguons notre planète par nos styles de vie. Votum Klima tire la sonnette d’alarme pour montrer que «sans un changement profond de notre économie, de notre société ainsi que de nos modes de gestion et de gouvernance, la transition écologique ne pourra aboutir» et la course aux ressources ne pourra être freinée.