Quand Simone Biles est entrée dimanche dans l’Arena Bercy, veste noire de survêtement molletonnée par-dessus son justaucorps scintillant, le public a exulté, debout. C’est l’ovation. La superstar de la gymnastique artistique est de retour.
Dans les gradins, les drapeaux américains s’agitent, les grands noms d’Hollywood qui ont fait le déplacement pour elle se lèvent. Le prodige aux quatre titres olympiques et cinq figures acrobatiques à son nom, qui quelques secondes avant se tapotait les jambes pour s’échauffer, regard concentré, lâche un grand sourire. Elle salue de la main, lance des baisers.
Les caméras sont braquées sur celle qui est à 27 ans la gymnaste la plus médaillée de l’histoire mais dont la dernière expérience olympique avait tourné court. En plein Jeux de Tokyo en 2021, elle avait quitté prématurément la compétition en se retirant de la plupart des épreuves. La dépression l’avait ensuite tenue éloignée de la gymnastique un an durant. Le spectacle était donc doublement grandiose dimanche.
La légende de la pop Lady Gaga est là pour cette journée de qualifications évènement, sweat bleu marine floqué USA, le rappeur américain Snoop Dogg et l’actrice britannique Cynthia Erivo aussi. Certaines célébrités sont arrivées bien en avance, telle Ariana Grande, robe blanche et lunettes de soleil, accompagnée de son frère et danseur Frankie, ou, deux rangées devant elle, Jessica Chastain, pull blanc dessiné d’un drapeau américain et d’anneaux olympiques.
À l’échauffement, Biles échange l’air détendu avec ses camarades Suni Lee, Jordan Chiles, Jade Carey, et Hezly Rivera, 16 ans, la plus jeune des gymnastes en compétition pour ces Jeux de Paris 2024. Puis elle les suit du regard, les applaudit, avant de se concentrer pour ses premiers pas sur la poutre.
L’Arena Bercy se fige
Quand elle monte sur le podium vert anis, l’Arena Bercy se fige, subitement silencieuse et suspendue aux exploits attendus de la championne. Quelques figures techniques plus tard accueillies par des applaudissements vibrants, Simone Biles se réceptionne, le visage illuminé d’un large sourire. L’athlète fond dans les bras de son entraîneuse Cécile Landi.
La première note tombe : 14.733. Et dans les tribunes, la papesse de la mode Anna Wintour, lunettes noires et robe blanche à fleurs applaudit, le public est bouillant. Avant de s’engager au sol, c’est son entraîneur Laurent Landi qui est à ses côtés. Ils discutent, sourient. Rien ne paraît alors de la douleur ressentie au mollet gauche pendant l’échauffement.
Après la performance sur une musique rythmée de percussions, le visage est plus fermé. Une réception de diagonale hésitante, un pied dehors, et cette douleur à la jambe. Elle s’assoit sur les marches, sa coach Cécile Landi vient lui tapoter le mollet et glisser quelques mots. Simone Biles obtient la meilleure note, et boite légèrement pour se rendre au troisième agrès, le saut pour lequel elle se présente cheville et bas du mollet gauche strappés. Mais elle réussit sa figure, le «Biles II», et décroche une note de 15.800 points.
Au moment de la rotation vers le dernier agrès, les organisateurs improvisent une séquence clin d’œil pour le public, en diffusant la bande son de Mission Impossible avec, en gros plan diffusé sur les écrans géants dans les tribunes, le visage de Tom Cruise qui, avant le show, s’était prêté à une séance de dédicaces impromptue dans les gradins. Simone Biles se lance sur les barres asymétriques. Sa prestation impressionne. La gymnaste laisse éclater un grand sourire.
Elle est «tout simplement incroyable, elle est une telle source d’inspiration», réagira la gymnaste britannique Georgia-Mae Fenton. «Personne ne pourra rivaliser avec elle, mais c’est toujours inspirant et incroyable de pouvoir regarder et être dans le même endroit qu’elle.»
Prochain rendez-vous demain pour la gymnaste basée au Texas, avec le concours par équipe, et sans doute la présence de son époux Jonathan Owens.