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Science Center : une nouvelle convention, malgré tout


La surfacturation est établie concernant les trois factures que l’auditeur externe a analysées. Mais quid des précédentes, depuis 2015?  (photo Tania Feller)

Le ministre Claude Meisch a fini par transmettre au parquet le rapport d’audit de KPMG concernant les surfacturations liées à l’extension fantôme du Science Center de Differdange.

Les déboires du Luxembourg Science Center (LSC) ont été au cœur des discussions de la réunion jointe des commissions de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse et de l’Exécution budgétaire. Après l’expiration de la convention liant le centre au ministère dirigé par Claude Meisch, une nouvelle convention doit voir le jour, mais non sans poser de questions.

Le conseil d’administration a fini par accepter les conditions fixées par le ministère de l’Éducation nationale, vendredi dernier, après plusieurs rappels à l’ordre. «Ayant à cœur de faire vivre le Luxembourg Science Center (LSC) dans l’intérêt du public et du personnel employé et en vue de s’assurer le financement du LSC par l’État, à court et moyen terme, les membres du CA acceptent les conditions imposées par le ministère de l’Éducation, de l’Enfance et de la Jeunesse dans son courriel du vendredi 12 juillet 2024 et confirmé dans celui du 16 juillet 2024.»

La nouvelle convention doit faire basculer les onze salariés de la société GGM 11 vers le LSC, son seul client. Cette société, appartenant au président du CA de l’ASBL et en même temps directeur du LSC, Nicolas Didier, facturait des prestations au centre qui faisait suivre la note au ministère de l’Éducation nationale. Un montage qui a pris fin lorsque que trois factures d’un montant total de 1,9 million pour l’agrandissement du centre soient refusées. L’Inspection générale des finances avait conclu dans un audit, il y a tout juste un an, que les travaux concernés n’avaient fait l’objet d’aucune discussion et par conséquent, le ministère s’était vu placé devant le fait accompli.

Un autre audit, réalisé par KPMG et que le ministre refusait de rendre public, a finalement pu être distribué aux députés, sur l’insistance des verts, qui avaient même déposé une motion, rejetée par la majorité. Les conclusions de l’auditeur sont sans appel. Concernant ces fameuses trois factures présentées par GGM 11 d’un montant total de près de 2 millions, elles montrent des problèmes au niveau des heures prestées. «Il y a bien une surfacturation conséquente», déclare le député déi gréng Meris Sehovic à l’issue de la commission lundi après-midi. Il évoque «des gros problèmes dans le management du LSC et dans les trois factures que KPMG a analysées».

21 millions d’euros depuis 2015

Depuis la création du centre en 2015, le ministère a remboursé 21 millions d’euros au LSC et le député écolo est pris d’un sérieux doute. «Si une surfacturation est constatée pour ces trois-là, qui nous dit que les autres envoyées par GGM 11 depuis 2015 n’étaient pas elles aussi largement exagérées», questionne-t-il.

L’extension présupposée pour un montant de 1,9 million n’a jamais été réalisée, donc l’État n’a pas payé, constate l’auditeur externe, en ajoutant même que des heures prestées ont été enregistrées ex post, «parfois des années plus tard», précise Meris Sehovic.

Sur ce constat, le député voit mal comment Nicolas Didier pourrait encore avoir sa place dans ce centre qui pourrait bien devenir un établissement public. Ce n’est pas encore le cas et le ministre Meisch est prêt à signer une nouvelle convention, cette fois sous les conditions édictées par le ministère.

Il n’y aura plus de conflit d’intérêts concernant la personne de Nicolas Didier qui ne pourra plus cumuler le poste de président du CA avec celui de directeur salarié, en plus d’être le bénéficiaire effectif de la société GGM 11 qui travaille exclusivement pour le LSC. «Une aberration en soi», selon le député déi gréng. «Le ministère veut intégrer le personnel de GGM 11 dans le LSC et l’État doit être représenté dans la gouvernance, voilà pour les conditions finalement acceptées par le CA du LSC, mais le directeur peut-il encore être impliqué ?», s’interroge-t-il.

Pour Claude Meisch, la question ne le concerne pas. Selon lui, c’est au CA d’en décider, car après tout il s’agit d’une ASBL. La présence ou pas de Nicolas Didier dans les instances dirigeantes n’est pas un prérequis pour la signature d’une nouvelle convention. Ni même le remboursement de quelque facture que ce soit, même si plusieurs députés se permettent d’émettre des doutes sur la légalité des notes présentées par GGM 11.

Claude Meisch a fini par déclarer que vendredi dernier, il a transmis le rapport de KPMG au parquet. «Le ministre reconnaît le problème, mais il est prêt à signer une nouvelle convention avec le même personnage», s’inquiète Meris Sehovic qui va suivre avec grand intérêt ce qui va se passer avec la nouvelle convention. La première avait déjà été signée par Claude Meisch, en 2015.