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Differdange : «En 2030, la qualité de l’air sera excellente»


Cinq «City Trees» seront installés au sein de la commune. (photos Alain Rischard)

Ce lundi, la commune a inauguré son premier «City Tree», sur la place des Alliés. Une action écologique s’inscrivant pour la neutralité carbone, qui est espérée d’ici 2030.

Sous un soleil battant, plusieurs familles profitaient lundi matin de la météo estivale, sur la place des Alliés de Differdange. Les 25 °C au thermomètre ne semblent pas impacter le plaisir de la petite dizaine d’enfants présents sur les lieux. Ballon au pied ou mains sur le guidon, ils s’amusent, rigolent, mais surtout se dépensent. Les parents surveillent et sortent les bouteilles d’eau des sacs à dos, lorsque la chaleur devient trop étouffante. Les sportifs en herbe suent et certains réclament même de l’air frais.

Ironie du sort, à quelques pas d’eux aura lieu l’inauguration du premier «City Tree» au sein de la Cité du fer. Orchestrée par le premier échevin Tom Ulveling, la cérémonie fut l’occasion de présenter cette action écologique inédite au Luxembourg. De rappeler, également, les objectifs de la neutralité carbone souhaitée par la ville d’ici à 2030.

«Un outil en faveur de l’écologie»

Au premier abord, l’installation est somme toute des plus basiques. Une plateforme ovale faite de bois, sur laquelle il est possible de s’asseoir. Au centre de celle-ci rôde une structure rectangulaire haute de 3,6 mètres. Seule la pancarte attachée sur l’une de ses faces permet d’en apprendre plus sur le nouvel édifice présent au cœur de la place des Alliés.

Intitulé City Tree, il est intégré de plusieurs panneaux de mousse végétale. Ces mousses vivantes sont spécifiquement sélectionnées pour leur capacité à filtrer les polluants de l’air. «C’est le premier filtre biotechnique du pays», s’enthousiasme Tom Ulveling. De manière totalement autonome, l’arbre dit «urbain» permet de réduire de manière quantifiable la pollution atmosphérique.

Totalement autonome, les «City Trees» sont équipés de moteurs, pouvant supporter jusqu'à 6 500 watts.

«Les murs de mousse vont absorber et métaboliser le dioxyde de carbone, ainsi que les particules fines. Une fois que cet air est passé par les 8 tapis de mousse, il est rejeté en étant purifié. C’est un véritable outil en faveur de l’écologie», poursuit le premier échevin. Produit par l’entreprise allemande «Green City Solutions», l’apport principal de ce City Tree est donc semblable à celui d’un arbre naturel. Seule différence, son impact quotidien.

«À elle toute seule, la plateforme permet de filtrer autant de dioxyde de carbone que le feraient 44 arbres», chiffre Luc Arend, responsable de projet pour la Ville. Pour la filtration de la poussière, les données sont encore plus marquantes, puisqu’un seul City Tree est capable de compenser 80 arbres. Toutes les heures, ce sont 650 grammes de particules fines qui sont en mesure d’être recyclées. «C’est ce que génèrent 151 000 kilomètres parcourus en voiture ou 54 000 cigarettes fumées», illustre Luc Arend.

Au quotidien, cela améliore grandement la qualité de l’air que l’on respire

Ces City Trees contribuent donc à une amélioration globale de la qualité de l’air, entraînant par ailleurs des effets positifs sur la santé publique. Cependant, leur intérêt ne se limite pas qu’à cela. «Ils réduisent aussi la chaleur ambiante», précise le premier échevin. Équipés de ventilateurs, ils permettent ainsi de refroidir l’air rejeté, en libérant de l’humidité par évapotranspiration. Offrant par la même occasion un microclimat plus agréable, surtout en été.

«L’idée, c’est aussi d’offrir un lieu où les passants peuvent se reposer», complète Tom Ulveling. D’ici la fin de l’année, cinq d’entre eux seront répartis sur l’ensemble de la commune. Toutefois, les innovations ont un coût. «Pour le moment, nous louons le lot à hauteur de 80 000 euros. Si les résultats sont concluants, nous pouvons les acheter à la fin de ce prêt, qui s’étend sur douze mois.» Le prix de l’opération avoisinerait les 200 000 euros. Pas de quoi démotiver le responsable politique : «Nous estimerons si le jeu en vaut la chandelle. C’est un projet très important, la première action majeure du projet « Net Zero City« ».

Neutralité carbone à l’horizon 2030

L’implantation de ces arbres urbains entre donc dans un objectif plus global, celui de la neutralité carbone à l’horizon 2030, via le projet «Net Zero City». Un programme européen que la commune de Differdange a rejoint en 2022. Unique ville luxembourgeoise engagée, elle doit alors mettre en œuvre une multitude d’actions afin de mener à bien la mission. «C’est un sacré défi écologique. Outre les City Trees, nous avons réfléchi à 150 projets qui compléteront notre plan d’action», présente Luc Arend, nommé coordinateur du programme.

Tous doivent tourner autour de cinq thèmes centraux : l’efficacité énergétique des infrastructures, l’autonomie énergétique de la commune, la favorisation de la mobilité douce, le développement du recyclage ainsi que la compensation des particules fines et du CO2. «Si nous y parvenons, l’ensemble des villes du pays pourront prendre exemple sur nos idées.»

Le chemin vers cette transition écologique s’annonce fastidieux. Néanmoins, les idées ne semblent pas manquer. «Nous allons replanter des arbres et dynamiser des quartiers verts ainsi que la biodiversité. Pour les appels à projets de construction, nous donnerons désormais notre préférence aux promoteurs se tournant vers des infrastructures en faveur de nos objectifs», cite Luc Arend, en guise d’exemple.

Le coordinateur du programme appuie également sur les avantages dont bénéficieront les résidents de la ville. «Chaque habitant le ressentira en termes de qualité de vie. Il y aura davantage de pistes cyclables, de sites refroidies en été. Si nous y parvenons, en 2030, la qualité de l’air sera excellente. Cela influe énormément sur la santé publique.» La réussite de ces objectifs tiendra néanmoins en grande partie sur l’implication citoyenne.

C’est pourquoi la ville organise – tout au long de l’année – des ateliers afin que les volontaires puissent apporter leur pièce à l’édifice, en partageant leurs idées. «Nous en avons déjà réalisé deux, en mars et juin derniers. En octobre, nous accueillerons les participants à une sensibilisation sur le recyclage. Ce sont les efforts de chacun qui feront la réussite de tous. C’est gratuit, ouvert aux petits et grands. Aucune excuse ne sera donc valable», s’amuse Tom Ulveling.

La mousse végétale doit être remplacée tous les six mois.