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Tourisme au Luxembourg : «Se différencier du tourisme de masse»


Antje Voss et Edgar Janssen, du LCTO, mettent en avant un «tourisme de résonance».

Depuis la pandémie, le secteur du tourisme a bien évolué. Les touristes viennent au Luxembourg pour couper du quotidien et chercher de l’authentique.

Qui dit vacances d’été, dit tourisme saisonnier. Le Luxembourg n’y échappe pas. Petit pays au patrimoine culturel riche et aux paysages variés, le Grand-Duché a de quoi attirer les visiteurs. Mais force est de constater que, depuis la pandémie, leur profil a quelque peu évolué. Les acteurs sur le terrain l’ont bien remarqué et jonglent avec ces nouveaux défis pour continuer à attirer les touristes.

Aujourd’hui, les segments de clientèles sont bien définis. Les «explorers» représentent 27 % des arrivées. «Ce sont des personnes qui prennent le temps de s’immerger dans le pays et qui cherchent des destinations hors des sentiers battus», explique Alain Krier, head of insights and strategy du Luxembourg for Tourism (LFT).

Une autre grande part de visiteurs (20 %) sont les «nature-loving actives» qui, eux, recherchent des activités santé à faire dans la nature. Les derniers, ce sont les «perfection seekers». Ils sont plus jeunes et recherchent de l’exclusivité. «Il y a une forte hausse de ces profils qui cherchent à se différencier du tourisme de masse.»

Les touristes viennent à 22 % au Luxembourg pour y découvrir le pays. Vingt et un pour cent viennent pour découvrir exclusivement la capitale. La randonnée et la relaxation attirent chacune 14 % des visiteurs, alors que les activités culturelles en attirent 10 %. «Le volet outdoor a explosé durant le covid, il a depuis un peu baissé, mais reste toujours supérieur à 2019», constate Alain Krier.

Des secteurs en évolution

S’il y a bien un secteur où le tourisme a beaucoup évolué, c’est celui du camping. «Avant, dans les années 80, 90 et 2000, les visiteurs restaient pendant 10 ou 15 jours, aujourd’hui, ils ne veulent plus rester aussi longtemps», note Florence Bertemes, présidente de Camprilux. Résultat, les campeurs viennent pour des petits séjours de trois jours, avant de repartir vers d’autres horizons.

Pour Florence Bertemes, ce changement dans la durée des séjours vient d’un changement de mentalité, mais aussi de génération. «Les jeunes ont envie de voyager autour du monde, de connaître un peu tous les pays d’Europe et de découvrir le plus de choses possible.»

Cette évolution se remarque aussi dans le secteur hôtelier. «De plus en plus, on a des gens qui ne restent que 3 à 4 jours au maximum», observe Steve Martellini, secrétaire général de l’Horesca. Et ce n’est pas la seule évolution : les visiteurs ont maintenant tendance à choisir les chambres les moins chères et à sauter le petit déjeuner. «On voit quand même qu’ils font plus attention, parce qu’ils ont aussi moins dans la poche.»

«Le rapport qualité-prix est de plus en plus important pour les touristes», complète Alain Krier. Voyager reste important pour eux. «Ils mettent en place des stratégies sur place pour économiser, mais ils ne renoncent pas au voyage.» La durée de séjour et les coûts se retrouvent donc impactés. Pour les acteurs du tourisme, il est alors «primordial» de s’axer sur un tourisme qualitatif.

La capitale a le vent en poupe

Le Luxembourg City Tourist Office (LCTO) a bien compris cette importance du tourisme de qualité. C’est d’ailleurs l’un de ses piliers. Pour ce faire, il a mis en place une stratégie de «tourisme de résonance». «Les visiteurs ne sont plus considérés comme touristes mais comme résidents temporaires de la capitale», développe Antje Voss, directrice du LCTO.

Le but, c’est d’offrir aux visiteurs une expérience proche de la vie des locaux. «Dans notre bureau d’accueil, les gens demandent vraiment où ils peuvent rencontrer des résidents, manger des spécialités et échanger avec les gens du territoire.» C’est un nouveau phénomène qui a émergé après la pandémie. «Les gens recherchent beaucoup plus à avoir des expériences qui enrichissent leur vie. Ce n’est plus comme avant, où on va faire un tour touristique. Non, on veut vraiment découvrir, être un peu individuel et se connecter avec les gens», rajoute Edgar Janssen, head of marketing du LCTO.

Et pour améliorer la qualité des expériences, le LCTO a réduit le nombre de visites et de participants par visite. «Cela nous permet de mieux répondre aux besoins ou demandes des personnes.» Cette méthode semble plutôt fonctionner, puisqu’en 2023, les visites guidées ont accueilli 10 % de visiteurs en plus. La visite du Palais grand-ducal avait même vu 100 % de ses billets vendus.

Ce qui plaît aux touristes, c’est que Luxembourg soit une destination à taille humaine, où tout est faisable à pied. Les visiteurs viennent pour deux nuits en moyenne et y parcourent les différentes attractions touristiques de la Ville, comme les casemates du Bock, lieu le plus visité de la capitale. «Ce qui attire aussi, c’est le multiculturalisme !», se réjouit Antje Voss.

«Cet été, cela va dépendre du temps»

Après une année 2023 très positive, les acteurs du tourisme espèrent une cuvée 2024 toute aussi bonne.

La saison estivale commence tout doucement aux quatre coins du Grand-Duché. Alors que les vacances ont débuté cette semaine, le soleil, lui, pointe tout doucement le bout de son nez. De quoi attendre de nombreux touristes. C’est en tout cas ce qu’espèrent les différents acteurs du tourisme, surtout après le regain de visiteurs l’année dernière.

«L’année 2023 a été une année excellente», loue Alain Krier. Un avis partagé par le LCTO : «2023 a été la première année normale après la période covid.» Le camping a été le secteur le plus en hausse depuis la pandémie. À tel point qu’il a même dépassé son niveau de 2019, selon les statistiques du LFT. «Depuis la pandémie, les gens viennent chercher le calme, se promener et découvrir le Grand-Duché», analyse Florence Bertemes.

«C’est important de souligner que nous sommes une destination où le tourisme a rattrapé sa fréquentation de précovid», ajoute Alain Krier. Le Grand-Duché attire un tourisme «intraeuropéen» et de «proximité» avant tout, avec les Néerlandais, les Belges ou encore les Allemands en tête de liste. Mais depuis 2023, le tourisme plus «lointain» est revenu avec des visiteurs venus des États-Unis, du Brésil et même d’Inde.

La météo, facteur primordial

Il faut dire que l’été 2023 a été marqué par le soleil… Contrairement à l’année actuelle. «Cet été, cela va dépendre du temps», appréhende Florence Bertemes. Depuis Pâques, la part de visiteurs est assez maigre dans les campings luxembourgeois. Le mois de juin a été le plus calme depuis trois ans. «Les prévisions d’une meilleure météo jouent beaucoup sur les réservations.»

Même constat dans le secteur de l’Horesca : «Nos plus grands concurrents, ce sont les pays où il fait beau», déplore Steve Martellini. La pluie des derniers mois a créé des pertes de chiffres d’affaires dans les hôtels et cafés du pays. «C’est vrai que le mois de mai n’a pas été bon à cause du temps, mais l’été s’annonce positif», nuance Alain Krier. Il note une hausse de réservations dans les hôtels et les campings. Le LCTO, aussi, s’attend à une année 2024 positive grâce aux différentes offres estivales.

Camprilux, l’Horesca et le LCTO travaillent ainsi sur des campagnes digitales avec le LFT pour attirer les touristes, notamment étrangers. Le LFT organise aussi des soirées et foires thématiques et emploient des influenceurs. «Il faut jouer sur la petite taille du pays, nos transports gratuits et nos activités diverses et variées», conclut Florence Bertemes.

C. V.

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