Face à l’urgence climatique, la Ville de Luxembourg présente ses priorités et ses projets pour protéger son patrimoine forestier dans les années à venir.
Le changement climatique n’épargne pas le Grand-Duché. Les phénomènes météorologiques qui y sont liés font souffrir les forêts luxembourgeoises. Depuis plusieurs décennies, l’administration de la Nature et des Forêts constate notamment une dégradation de l’état de santé des arbres.
La Ville de Luxembourg a donc ciblé des priorités et créé des projets pour rendre son patrimoine forestier plus résilient. «Nous voulons montrer que la protection de l’environnement est importante et que la protection des forêts joue un rôle primordial», commence Maurice Bauer, premier échevin de Luxembourg.
La première priorité est claire : lutter contre les effets du changement climatique et assurer la sécurité des citoyens. Les conditions météorologiques des dernières années ont fragilisé les forêts et les falaises, les rendant dangereux. «Nous avons beaucoup de rochers qui sont en train de devenir poreux et qui risquent de tomber. Donc, il faut en effet travailler beaucoup là-dessus pour protéger les citoyens», explique l’échevin.
Pour les chantiers, la Ville essaye de travailler au maximum avec des chevaux. «Ils ont l’avantage d’être silencieux, d’être respectueux de la nature. Il n’y a pas de risque qu’il y ait de l’huile qui se dégage d’un camion ou d’un tracteur.»
Toujours dans l’optique de protéger les habitants, l’administration communale a mis en place des panneaux dotés de QR codes menant vers un site et une carte interactive. «Les citoyens peuvent consulter là où il y aura les travaux et comment ils peuvent les contourner.» Dans un second temps, ils aimeraient également mettre en place un système de push pour prévenir les habitants inscrits sur l’application.
«Planter des arbres pour filtrer l’air»
Une autre priorité de la capitale est de planter des arbres et de s’adapter aux défis liés au changement climatique. Les arbres ont des effets bénéfiques sur le climat, tels que la fixation et le stockage du CO2, ce qui permet de réduire l’effet de serre, d’enrichir l’air en oxygène et, en milieu urbain, de limiter les températures fortes.
Plusieurs projets vont donc dans ce sens. Le premier consiste en la création d’une pépinière forestière dans un champ à l’Eecherfeld. De petits arbres y seront élevés pour être plantés plus tard dans les forêts de la commune. «C’est important pour nous de garder la mainmise sur l’ensemble de la chaîne de valeur», souligne Maurice Bauer.
Des corridors écologiques seront également créés. Une nouvelle forêt sera notamment plantée à Hamm. Elle accueillera 2 500 arbres. «C’est très important pour nous, puisque nous savons le rôle crucial qu’une forêt joue dans la lutte contre le changement climatique pour filtrer l’air.» Il y aura aussi des plantations de haies, des rangées d’arbres et des prés fleuris. «Ça donnera une plus grande biodiversité dans les surfaces qui ne sont pas la forêt, mais qui se prêtent quand même à l’augmenter.»
La Ville a pour autre projet de créer une réserve naturelle de 200 hectares au Bambësch, dont 50 ha où la forêt sera laissée en libre évolution. «C’est pour montrer que ça a d’énormes avantages au niveau de la biodiversité, parce que l’arbre qui tombe devient un habitat pour des animaux», explique l’échevin. Une forêt «du futur» est aussi en projet. Il y serait planté de nouvelles essences pour essayer de remplacer les espèces touchées par les maladies.
L’objectif d’ici 2030 est de planter de 30 000 à 35 000 arbres sur le territoire de la capitale. Ce chiffre répond à l’objectif plus global au niveau européen d’en planter trois milliards. «C’est énorme, parce qu’actuellement, nous avons 22 000 arbres !»
La forêt est en danger sans que l’on s’en rende compte
Sensibiliser les citoyens
Luxembourg participera au projet de recherche Forlux, mené par les chercheurs du LIST. Le but est d’étudier scientifiquement l’impact du changement climatique sur les arbres, le carbone ou encore la qualité de l’eau. «Nous y participons pour mieux comprendre les incidences du changement climatique sur une forêt urbaine.»
«La forêt est en danger sans que l’on s’en rende compte», se désole Maurice Bauer. «J’habite à Luxembourg et viens souvent me promener en forêt. Je trouve ça important de constater les changements du réchauffement.» Pour aider les citoyens à voir aussi ces changements, la Ville veut introduire de nouveaux projets pour sensibiliser la population.
Déjà, le site Devashaff sera modernisé. L’idée est d’y aménager un centre d’accueil et d’information. «Cela permettra au public de comprendre comment une forêt naît et comment il faut en prendre soin.» Cela pourrait être complété par des activités pédagogiques dans la pépinière et par un sentier pédagogique au sein de la réserve naturelle.
Et pour «sensibiliser l’ensemble des citoyens à la situation des arbres à Luxembourg», la Ville a mis au point, avec son service parcs, une brochure qui décrit les arbres présents dans son domaine public. Elle présente les différentes essences, les quartiers où elles se trouvent le plus et les différents parcs. «C’est pour familiariser les gens avec les arbres qui les entourent!»