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Le BTP lorrain en état d’urgence


Metz – Après un cru 2014 catastrophique, le BTP lorrain craint le pire en 2015. La profession appelle les donneurs d’ordres à relancer les investissements.

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Les acteurs des travaux publics avaient manifesté en Lorraine le 14 octobre dernier (ici à Metz). Ils pourraient envisager de nouvelles actions faute de réponse à leur inquiétude. (Photo : Anthony Picoré/RL)

« Nous lançons un cri d’alarme de la filière de la construction, des travaux publics. Nous sommes dans l’immobilisme le plus complet, sans visibilité pour les mois à venir. Notre activité est en perte de vitesse en Lorraine. Nous craignons pour nos emplois, nos entreprises. Nous appelons les collectivités et pouvoirs publics à relancer l’investissement. »

La famille du BTP lorrain était réunie mercredi à Metz au grand complet, avec les représentants départementaux, pour délivrer de façon grave et solennelle un message clair : il y a péril en la demeure dans le bâtiment et les travaux publics. Et elle égrène des chiffres inquiétants. Dans le bâtiment, la baisse des effectifs est inexorable, de près de 2 800 emplois l’an passé.

Ils tombent à 37 000. Les travaux publics craignent 1 200 à 2 000 suppressions d’emplois cette année (10 500 actuellement), avec un recours au chômage partiel, voire à des licenciements.

> Chantier et permis en chute libre

« Nous n’avons aucune visibilité, 6 à 8 semaines de carnet de commandes, quand avant la crise on avait une marge de 4 à 6 mois. Si ça continue, nous allons perdre nos compétences, nos savoir-faire. Nos entreprises emploient de la main-d’œuvre, elles ont un rôle social important. Nous ne pouvons pas attendre les bras croisés. Nous voulons faire travailler nos entreprises », témoigne Thomas Colliard, qui reprend avec son frère la société familiale BCC de Custines (54).

Et tous les métiers du BTP sont touchés. En particulier les granulats et bétons des industries de carrières (Unicem) que le président Marc Blanc défend avec ardeur. « En Lorraine, nos productions de bétons et granulats baissent sérieusement. Nous sommes les derniers de la classe en France », dit-il. De fait, Sylvie Petiot, présidente de la fédération du bâtiment en Lorraine, rappelle la « faiblesse des mises en chantiers, des permis de construire qui sont en chute libre. Et nous enregistrons une baisse conséquente des inscriptions dans nos centres d’apprentissage, ce qui met leur existence en péril ».

Un discours alarmiste adressé en premier lieu aux collectivités territoriales. Le BTP cite l’exemple de la communauté urbaine du Grand Nancy qui les diminue de 170 à 70 millions d’euros. « Avec leurs dotations en baisse, elles veulent réduire leurs investissements. Or, bon nombre disposent encore de fonds propres. Elles doivent les investir dans des chantiers, des travaux d’entretien, sur les routes. Et ce sont des projets qui peuvent être relancés rapidement. Nous sommes dans l’urgence », assure Daniel Cerutti, de la fédération de Meurthe-et-Moselle.

Lui comme Patrice Haltebourg, président des travaux publics en Lorraine, en appellent à accélérer les projets de travaux neufs, « A31, gare de Vandières, Terra Lorraine. Mais aussi de surtout engager des travaux de maintenance qui représentent un gisement important. »

Pour Vandières néanmoins, « si l’entrepreneur souhaite sa réalisation », le citoyen se fait plus prudent et veut connaître les tenants et aboutissants de cette réalisation controversée. « On peut aussi imaginer mettre cet argent dans d’autres projets », assure Sylvie Petiot, également élue de la Ville de Nancy.

En attendant, le BTP compte engager une campagne d’informations sur les nouveaux avantages fiscaux qui accompagnent ceux qui veulent investir dans l’immobilier.

Bernard Kratz (Le Républicain Lorrain)