Un trésor est enfoui dans une déchetterie de Newport (pays de Galles) : le disque dur de James Howells. Un appareil que cet informaticien a bêtement jeté, en 2012. Depuis, il crie son désespoir, pareil à un gagnant du Loto qui aurait perdu son ticket. Car ce disque dur contient près de 7 500 bitcoins, qu’il s’était amusé à acheter en 2009, lorsque cette monnaie virtuelle ne valait pas un kopeck. Aujourd’hui, son disque dur vaut près de 2 millions d’euros.
Absurde? Lorsqu’un mystérieux informaticien nommé Satoshi Nakamoto a inventé cette monnaie en 2009, beaucoup ont dû, en effet, trouver son entreprise absurde. Créer un réseau de paiement planétaire et participatif, sous licence libre, qui fonctionne grâce à ses usagers, avec un registre de transactions transparent et infalsifiable, et qui n’a de comptes à rendre à aucune banque ou aucun organisme central : complètement fou!
Pourtant, le bitcoin compte désormais plus d’un million d’utilisateurs, et des bornes de change fleurissent partout dans le monde. Même la peu fantaisiste Allemagne a reconnu le bitcoin comme une unité de compte officielle. Alors certes, tout n’est pas rose : on spécule avec le bitcoin, des escrocs l’utilisent… Mais est-ce vraiment l’apanage de cette monnaie?
Si le succès du bitcoin fascine autant qu’il dérange, c’est qu’il n’est pas dû à un gouvernement, à des patrons ou des actionnaires, mais à ses usagers. Ce mouvement collaboratif, détaché des instances conventionnelles, est en train de révolutionner le monde. Regardez Wikipédia : publique et participative, elle est devenue la plus complète des encyclopédies. Regardez ces particuliers qui créent et diffusent librement les plans de prothèses à bas coût, qui deviennent réalité grâce à des imprimantes 3D. Regardez la poussée du crowdfunding, du cobanking…
Ces penseurs d’une société alternative et participative, souvent regardés avec dédain à leurs débuts, sont à prendre très au sérieux. Croyez-en un illustre penseur: «Si une idée ne paraît pas d’abord absurde, alors il n’y a aucun espoir qu’elle devienne quelque chose», disait Albert Einstein.
Romain Van Dyck