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[Tour de France] Bardet, le plus beau jaune de sa vie


L'Auvergnat enfile pour la première fois avec le maillot jaune, quelques jours après avoir annoncé qu'il allait arrêter sa carrière en juin 2025. (Photo AFP)

Romain Bardet avait « fait le deuil » de porter un jour le maillot jaune sur le Tour de France. Le rêve est devenu réalité samedi dans la fournaise de Rimini où le grimpeur français a remporté une première étape totalement folle, à 33 ans.

Après avoir déjà traversé mille vies sur le Tour, des podiums mais aussi « beaucoup de frustrations », l’Auvergnat a vécu une journée dont il se rappellera pour toujours. « C’était sublime », a-t-il lâché, presque incrédule, malgré tout ce qu’il a déjà connu sur un vélo.

Difficile d’imaginer en effet un scénario plus abouti dans la perfection que celui écrit samedi entre Florence, une des plus belles villes du monde, et les bords de l’Adriatique, sous un soleil de plomb qui a fait vivre un calvaire à de nombreux coureurs.

Car Romain Bardet n’a pas seulement décroché sa quatrième victoire de sa carrière sur le Tour, la première depuis 2017, pour endosser enfin ce maillot jaune, un rêve qu’il a longtemps poursuivi en vain avant de ne « plus y croire ».

Il l’a fait après un grand numéro en compagnie de son jeune coéquipier chez DSM, Frank van den Broek, impressionnant de dévouement et de force, dans un final absolument haletant où le duo a réussi à résister à la meute des favoris pour cinq petites secondes. « Frank a été énorme, énorme. On a fait un raid incroyable, je lui dois beaucoup, ce maillot est vraiment partagé », a insisté le Français qui, en franchissant la ligne, s’est retourné avec les deux doigts pointés vers son jeune partenaire néerlandais pour le remercier.

« Ça a toujours été un des buts de ma carrière »

« C’était fou, comme quoi dans le vélo, il y a encore des moments inattendus », a-t-il savouré après avoir remporté, grâce à un engagement total, le traditionnel jeu du chat et de la souris avec le peloton qui se termine mal, en général, pour les échappés.

Voilà donc l’Auvergnat pour la première fois avec le maillot jaune sur les épaules, pour sa dernière participation, quelques jours après avoir annoncé qu’il allait arrêter sa carrière en juin 2025, juste avant le prochain Tour de France. « Ça a toujours été un des buts de ma carrière, mais honnêtement j’avais fait le deuil. »

Cela peut paraître assez paradoxal que Bardet accomplisse son rêve l’année où, pour la première fois, il a annoncé ne pas jouer le classement général pour cette fois viser des étapes. En fait, cela lui offre des bons de sortie, comme samedi lorsqu’il s’est extirpé du peloton à 50 km de l’arrivée pour partir gober les échappés un par un, qu’il n’avait pas auparavant lorsqu’il représentait une menace pour les autres favoris.

« J’ai souvent été trop proche au général pour qu’on me laisse partir », a-t-il dit. Car Romain Bardet n’est pas n’importe qui sur le Tour de France. Deuxième en 2016, troisième l’année suivante, il compte six Top 10 au total et a longtemps été le Français qui semblait le plus en mesure de succéder à Bernard Hinault, dernier vainqueur en 1985.

Cela a été aussi un fardeau, source de beaucoup de « frustrations », celui de devoir courir le Tour avec des « oeillères » avec la trouille de pouvoir « tout perdre à tout moment ».

« Enfin moi-même »

« Ne pas faire le général m’enlève une pression énorme, je suis enfin moi-même », a souligné le grimpeur efflanqué qui dit « découvrir sur le tard (s)a vraie nature ».

« Il a souvent fait deuxième, a été critiqué. Mais aujourd’hui, il a fait un truc de fou », a commenté Warren Barguil, autre vétéran français qui l’a rejoint cet hiver chez DSM. « Chapeau, je pensais vraiment qu’on allait les attraper », a également applaudi Tadej Pogacar qui n’a pas pu s’empêcher de sprinter pour la troisième place, battu seulement par Wout Van Aert, qui était lui-même « étonné » de sa bonne forme.

Les favoris ont dans l’ensemble bien survécu une journée caniculaire qui a fait d’énormes dégâts alors que le profil de l’étape présentait déjà sept ascensions au programme.

Des dizaines de coureurs, qui avaient seulement connu le froid et la pluie cette année, ont vécu un véritable calvaire. Des sprinteurs comme Mark Cavendish qui a été largué dès le premier col et a vomi sur son vélo. Mais aussi des grimpeurs comme David Gaudu et Lenny Martinez, arrivés avec une demi-heure de retard sur le vainqueur. Les deux Français ont déjà perdu toutes leurs chances pour le général qui, une fois n’est pas coutume, n’est pas un objectif cette année pour Groupama-FDJ.

Cela ne l’était pas pour Bardet non plus. Mais dimanche, il sera en jaune. Pour combien de temps ? « On verra, ce soir je suis déjà comblé », a-t-il dit.