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Mutations à la Chambre 

À première vue, la prolongation de la loi covid, vidée de toute restriction majeure, ressemblait à une simple routine parlementaire. Tout à coup, on s’est cependant retrouvé dans les controverses ayant prévalu pendant la crise sanitaire.

Alors que l’urgence sanitaire est levée depuis mai 2023, le nouveau gouvernement et sa ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), ont omis de déposer dans un délai raisonnable le projet de loi censé proroger une série de dispositions minimales pour continuer à assurer un suivi de la pandémie. Les vacances de Pentecôte seraient la raison pour laquelle le texte adopté le 22 mai par le Conseil de gouvernement n’est parvenu que le 12 juin aux députés. Il fallait donc, comme au plus fort de la crise, aviser et adopter un texte dans un délai de quelques jours, sans pouvoir effectuer de travail législatif approfondi.

Le mea-culpa est intervenu hier au moment du débat, avec la mise en perspective d’un texte revu et corrigé d’ici à la fin de l’année. L’initiative de déi gréng a été saluée par six des sept partis siégeant à la Chambre, y compris le LSAP de l’ancienne ministre de la Santé Paulette Lenert. Le camp socialiste s’est d’ailleurs fait un malin plaisir à blâmer le CSV, qui n’a eu de cesse de reprocher à l’ancien gouvernement d’avoir toujours agi dans la précipitation pour adopter des mesures anticovid. Le camp chrétien-social aurait aussi été celui qui a toujours clamé haut et fort le besoin de préparer et d’adopter dans les meilleurs délais une loi pandémie, sur la base d’une évaluation par des experts indépendants des restrictions décidées au fil de la crise sanitaire.

De retour au pouvoir, le CSV est dorénavant engagé sur une autre voie. Pas de loi pandémie, pas d’évaluation externe, mais une loi de santé publique. Dans le camp du LSAP et de déi gréng, la désormais très contestée conservation des données de personnes testées positives n’avait pas dérangé outre mesure l’été dernier. La même remarque vaut pour le Conseil d’État, resté muet en juillet 2023. Même l’ADR ne veut plus de ces données, alors qu’elles permettent de retracer d’éventuelles séquelles dues à la vaccination. Il s’agit pourtant d’une revendication majeure du parti. Le coronavirus n’est pas le seul à muter.