De passage en Moselle, la flamme olympique a fait un détour par l’Allemagne et le Luxembourg pour célébrer l’unité de l’Europe. À Schengen, les trois pays étaient réunis pour assister au relais.
L’image a déjà tout d’un symbole. À quelques minutes de l’arrivée de la flamme olympique à Schengen, sur le pont de la Moselle, un cortège de motards mélangeant la police grand-ducale, la gendarmerie française et les forces de l’ordre allemandes ouvre la voie aux relayeurs. Partie le 8 mai de Marseille, la flamme continue son grand parcours à travers la France, sur les routes comme sur les mers, avant sa destination finale : Paris, où elle embrasera la vasque olympique marquant le début des JO.
Jeudi, ce long périple a conduit le feu olympien en Moselle, berceau de la torche fabriquée par ArcelorMittal, dans un parcours passant par tous les lieux emblématiques du département. Parti de Meisenthal, il a sillonné les routes mosellanes de Meisenthal à Metz en passant par Sarreguemines, Forbach ou Thionville. Fortement ancré dans la construction européenne, le département ne pouvait manquer d’évoquer cette histoire en faisant également passer le relais par Scy-Chazelles et la maison de Robert Schuman.
Mais avant ça, en tout début d’après-midi, le convoi a fait un petit détour par Apach, là où les frontières de la France, de l’Allemagne et du Luxembourg se rejoignent. Espace européen par excellence, la région est le berceau des accords de Schengen qui ont permis la libre circulation des biens et des personnes au sein des pays de l’Union. Un symbole particulièrement fort qui a poussé de nombreux curieux à rejoindre cette jonction pour suivre le relais.
C’est notamment le cas de Chantal, originaire de Frisange, postée une heure avant l’arrivée de la flamme sur la place des Étoiles, devant le musée européen Schengen qui accueille la tribune VIP. «La flamme olympique, c’est un évènement et le fait que ça se passe ici, à la frontière, ajoute un petit plus.» Elle est aussi bien consciente qu’il serait dommage de rater son passage. «On ne voit ça qu’une fois dans sa vie. Je ne l’ai jamais vue avant et je ne la reverrai sans doute pas!»
Depuis midi, la foule se masse dans les rues de la petite commune, sur les bords de la Moselle. Quelques centaines de mètres en amont du parcours, d’autres ont préféré attendre directement sur le pont reliant Schengen à Perl. C’est ici, au beau milieu de l’ouvrage, que débutera le relais au Luxembourg après un passage par l’Allemagne.
Téléphones en main, Nicky et Céline ont décidé d’affronter la chaleur pour attendre patiemment l’arrivée des relayeuses. «On aurait pu aller voir la flamme à Thionville, mais c’était important d’être ici. Nous ne sommes pas venues par hasard.» Travaillant dans une crèche à Frisange, elles ont dû décaler leurs horaires pour être de la partie et sont impatientes de pouvoir raconter ce moment aux enfants. «Depuis le mois de septembre, on travaille sur les Jeux olympiques avec eux. On les aurait bien emmenés, mais l’après-midi, c’est compliqué avec la sieste, ça aurait été plus simple le matin.»
«On sait ce qu’est le vivre-ensemble»
Vers 13 h 20, les choses s’accélèrent d’un coup. Un petit fourgon arrive sur le pont et dépose une première relayeuse. Il poursuit sa route avec une deuxième personne à son bord : l’ancienne tenniswoman Anne Kremer qui accueille la flamme à Schengen. Avec trois participations aux Jeux olympiques (à Atlanta en 1996, Sydney en 2000 et Athènes en 2004), elle était tout indiquée pour représenter le Grand-Duché. Quelques minutes après, une coureuse arrive d’Allemagne et effectue un premier relais, le «torch kiss», sur le pont.
La flamme traverse alors la Moselle et rejoint Anne Kremer, postée quelques dizaines de mètres plus loin. La torche en main, elle rejoint la place des Étoiles, où l’attendent notamment le couple grand-ducal, le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, le ministre des Sports, Georges Mischo, et son homologue française, Amélie Oudéa-Castéra, ainsi que Michel Gloden, le bourgmestre de Schengen. Edmond Schmitt, porteur de la flamme olympique pour les Jeux de Londres en 1948, la précédente fois où le feu olympien est passé par le Luxembourg, est là lui aussi.
Prenant la parole, le Grand-Duc Henri a salué la tenniswoman, «une personnalité tout à fait exceptionnelle», et s’est dit ravi de l’organisation des Jeux olympiques dans la capitale française. L’athlète a également reçu les félicitations d’Amélie Oudéa-Castéra, qui a elle-même foulé les courts. «J’ai joué à un moins haut niveau qu’elle, mais les autres joueuses françaises et moi nous l’adorions.»
Dans une période troublée, dans le monde et en Europe, Xavier Bettel a voulu rappeler le lien qui unit les États membres, une relation qui prend tout son sens lors de ces Jeux olympiques et particulièrement ici, au Luxembourg. «On sait ce qu’est le vivre-ensemble. Schengen en est le meilleur élément.» Après les discours, la flamme a été réintégrée dans la lanterne de sécurité, protégeant le feu allumé à Olympie. Elle a alors continué sa route jusqu’à Yutz et Thionville, avant de terminer son périple mosellan à Metz. C’est maintenant le Grand-Duché qui est attendu en France. Le pays devrait envoyer entre douze et quinze athlètes aux JO de Paris, les derniers doivent encore se qualifier ce week-end.