Accueil | Editoriaux | Retraite anticipée

Retraite anticipée

Que ce soit dans sa vie privée ou sa vie professionnelle, il vaut mieux ne pas trop tirer sur la corde. Si un mandataire politique décide de se mettre en retrait, c’est tout à son honneur. Pourquoi rester accroché à son siège en sachant que la motivation et l’énergie font défaut ? Dans ce cas, il vaut mieux laisser sa place à un successeur, qui n’attend que de pouvoir faire ses preuves.

Le député et ex-ministre François Bausch (67 ans) a décidé de suivre ce raisonnement. Dans les rangs de déi gréng, Djuna Bernard (32 ans) prendra la relève. La coprésidente sortante du parti n’avait pas été réélue aux législatives d’octobre.

Les arguments de celui qui a passé 35 ans en politique sont recevables. François Bausch estime qu’«il est temps de réorienter (sa) vie afin d’avoir plus de temps pour (sa) famille». Il affirme avoir décidé «de donner l’opportunité à une collègue plus jeune de reprendre (s)on mandat parlementaire».

Membre du gouvernement pendant dix ans (2013-2023), le futur retraité politique avait ouvertement clamé ne plus viser de nouveau mandat de ministre si son parti réussissait à se maintenir dans l’exécutif. Ce n’était pas le cas de son collègue socialiste Jean Asselborn, qui s’est représenté sans réserve en dépit d’une carrière de ministre entamée en 2004.

Son parti écarté du pouvoir, le doyen des ministres européens des Affaires étrangères a pourtant décidé de ne pas retourner siéger à la Chambre, après une carrière politique longue de 40 ans. «Je sais que je risque de décevoir pas mal d’électeurs, mais il est temps de prendre un peu de recul, faute de quoi la bougie pourrait vite s’éteindre», avait-il confié dans nos colonnes. Comme pour François Bausch, l’argumentation de Jean Asselborn est tout à fait valable.

Des interrogations demeurent toutefois. Pourquoi se représenter – dans le cas de François Bausch, encore récemment aux européennes – au bout de si longues carrières politiques? Leurs popularités respectives expliquent certainement ce pas.

Mais un Jean Asselborn serait-il resté ministre en cas de maintien du LSAP dans la majorité? Et François Bausch aurait-il rejoint le Parlement européen en cas d’élection? Aussi compréhensible qu’il peut l’être, ce genre de retraite anticipée peut interpeller.