«Le gouvernement a fait du logement sa principale priorité», soulignait il y a une semaine le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), dans sa déclaration sur l’état de la Nation. Il promet «un changement de paradigme et de mentalité» pour faciliter et accélérer la construction du logement. Enfin un exécutif s’attaquerait à un chantier trop longtemps ignoré.
Le constat n’est pas faux, mais il est à relativiser. De prime abord, c’est bien le CSV du chef du gouvernement qui a détenu pendant des décennies les clés du ministère du Logement, sans réussir à créer un parc de logements abordables destinés à la vente ou à la location. Les manquements de la main publique ont permis aux acteurs du privé d’imposer leur loi, avec à la clé une flambée des prix, dopée par un déséquilibre criant entre l’offre et la demande.
Il était illusoire de croire que le gouvernement tricolore (DP, LSAP, déi gréng), venu déloger, en 2013, le CSV du pouvoir, pourrait rapidement résorber le retard accumulé. L’ancienne coalition a des mérites, mais est aussi coupable d’errements dans la lutte contre le manque de logements. La société et les conditions de vie ont évolué.
Devenir propriétaire est devenu une mission quasi impossible pour les familles à revenus modestes ou moyens. Le besoin en locations de logement n’a pas suffisamment été anticipé. Pendant ce temps, les terrains constructibles non viabilisés et les logements inoccupés restent monnaie courante.
Logement : un plan d’action composé de 40 briques
Il aura fallu attendre la baisse de l’activité dans l’immobilier pour que les choses s’accélèrent. Le gouvernement formé depuis novembre dernier par le CSV et le DP a reconnu l’urgence d’agir. Après un premier paquet destiné à stabiliser le secteur, un second plan d’action plus structurel se trouve désormais sur la table. La simplification administrative a (encore) été identifiée comme la solution clé.
Mais, comme pour les mesures initiées par l’ancienne coalition, les outils visant à vraiment s’attaquer à la crise du logement ne seront pas prêts de sitôt. Il faudra attendre courant ou fin 2025 pour le dépôt d’une large partie de projets de lois en la matière. Pour l’instant, seules les fondations sont posées. Le chantier menant à la concrétisation du changement de paradigme annoncé sera vaste et complexe.