Accueil | Economie | Compétitivité : le Grand-Duché a la gueule de bois

Compétitivité : le Grand-Duché a la gueule de bois


La compétitivité du Luxembourg a du plomb dans l’aile, selon l’Institute for Management Development (IMD). (photo archives LQ)

La Chambre de commerce a diffusé les résultats d’une étude sur la compétitivité du Luxembourg. La crise inflationniste est passée par là.

L’étude fait mal, mais a au moins l’avantage de montrer ce qu’il reste à accomplir pour retrouver des couleurs au niveau économique… enfin, selon le patronat. La Chambre de commerce a dévoilé les résultats du World Competitiveness Yearbook 2024 de l’International Institute for Management Development (IMD).

Pour le Luxembourg, c’est la dégringolade. Le pays se retrouve à la 23e position au classement général. Le Grand-Duché «enregistre son plus mauvais résultat à ce jour», précise la Chambre de commerce. Le classement IMD comprend 336 indicateurs (deux tiers sont basés sur des données statistiques et un tiers est issu d’une enquête menée auprès de dirigeants d’entreprise) et couvre 67 pays. Il constitue un classement de référence à l’échelle mondiale en matière de compétitivité. Le Luxembourg était en 6e place en 2015.

Pour l’institution rassemblant les chefs d’entreprise du Grand-Duché, «cela témoigne de l’indéniable perte de compétitivité du pays». Avant de décortiquer ces mauvaises données, la Chambre souligne que «la dégradation des résultats du Luxembourg est continue depuis 2021 et particulièrement rapide depuis l’année 2022, le pays perdant 10 places en seulement 2 ans, entre 2022 et 2024». Pour l’expliquer, il y a bien sûr la récession que le pays a connue en 2023 avec un taux de croissance de -1,1 %, inférieur à celui de la zone euro, qui s’élève à 0,4 %.

Le Word Competitiveness Yearbook 2024 met en lumière certaines faiblesses structurelles du Luxembourg dont «la Chambre de commerce fait état depuis plusieurs années», explique le communiqué de presse de la Chambre de commerce qui demande «des réformes ambitieuses et rapides, plus que jamais nécessaires à la restauration et au renforcement de la compétitivité du pays».

Un saut d’obstacles

Au niveau des différents classements, le Grand-Duché est passé de la 1re place en 2022 à la 38e en 2023 et à la 57e place en 2024 dans les domaines des performances économiques. La dégringolade est impressionnante, violente. La crise inflationniste a frappé le pays de plein fouet. Pourtant, le Grand-Duché a toujours de solides positions structurelles. Il occupe la première place pour certains indicateurs majeurs comme le PIB par habitant, les stocks d’investissements directs à l’étranger ou les exportations de services. Il est aussi deuxième concernant le taux d’emploi. Mais deux faiblesses majeures viennent obscurcir ce tableau, poursuit la Chambre de commerce : la panne de croissance et les flux d’investissements directs étrangers, en forte baisse.

Le Luxembourg se classe à la 11e position pour le pilier «Efficacité des pouvoirs publics», une position stable par rapport au classement 2023 lorsqu’il s’était classé 10e. Les forces et les faiblesses restent inchangées. Côté forces, le Luxembourg tire toujours bénéfice de son triple A, de finances publiques saines, d’une dette publique maîtrisée. Mais selon les réponses formulées par les chefs d’entreprise, il se situe seulement 27e sur le critère «Cadre légal et règlementaire». Ce résultat appuie la nécessité absolue d’alléger le poids réglementaire qui pèse sur les entreprises au Luxembourg et dans l’Union européenne.

Sur le pilier «Efficacité des affaires» en 2023 par rapport à 2022 (+1 position), le Luxembourg perd du terrain en 2024. Au 26e rang, il affiche un recul de 13 places par rapport à son classement de 2021. Le coût horaire du travail élevé et l’indexation freinent la compétitivité, selon le rapport diffusé par la Chambre de commerce. Les salariés apprécieront. La disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée demeure aussi un problème majeur pour les entreprises.

Pour la Chambre de commerce, cinq défis sont à relever par le Luxembourg pour gagner en compétitivité : assurer l’équilibre des finances publiques et réformer le système de retraite, moderniser l’État via la simplification et la digitalisation des procédures administratives, renforcer la compétitivité via des mesures fiscales, soutenir le secteur de la construction et relancer le marché immobilier, accompagner le développement et la transformation du secteur industriel. Vaste programme…

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.