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Extrême droite, climat, Ukraine : les grands enjeux du scrutin


L’élection de 720 eurodéputés a lieu au terme d’une campagne dominée dans bon nombre de pays par un agenda fixé par l’extrême droite. (Photo : afp)

Quelque 370 millions d’électeurs sont appelés depuis jeudi aux urnes dans les 27 pays de l’UE pour élire 720 députés au Parlement européen. L’issue du scrutin va peser sur l’avenir de l’Europe.

Les Irlandais et les Tchèques ont à leur tour commencé à voter vendredi pour élire leurs députés européens, après les Néerlandais jeudi, qui ont confirmé la poussée de l’extrême droite aux Pays-Bas sans toutefois la placer en tête. Les électeurs ont élu sept députés du Parti pour la liberté (PVV, extrême droite) de Geert Wilders, selon des sondages sortis des urnes. Néanmoins, la coalition de son rival social-démocrate Frans Timmermans est arrivée en tête avec huit sièges, déjouant certains pronostics donnant le PVV vainqueur du scrutin.

Le parti de Geert Wilders avait créé la surprise en novembre dernier en arrivant en tête des législatives aux Pays-Bas.

«C’est un signal pour toute l’Europe : les progressistes peuvent stopper la poussée de l’extrême droite», a commenté jeudi soir Bas Eickhout, candidat néerlandais pour les Verts européens à la présidence de la Commission européenne.

Les scores définitifs ne seront connus que ce dimanche soir, mais s’ils sont confirmés, la résistance de la gauche sociale-démocrate et des écologistes aux Pays-Bas a de quoi conforter les espoirs de leurs alliés dans les autres pays de l’UE.

L’élection de 720 eurodéputés pour un mandat de cinq ans a lieu au terme d’une campagne qui fut, en effet, dominée dans bon nombre de pays par un agenda fixé par l’extrême droite. La poussée attendue de ces partis, souvent anti-UE, est un des enjeux majeurs d’un scrutin hors normes.

Jusqu’où montera l’extrême droite?

Les sondages prédisent une montée en puissance des droites radicales et nationalistes, après leur essor dans plusieurs scrutins nationaux.

Ces droites sont divisées en deux groupes au Parlement : l’ECR (Conservateurs et réformistes) compte Fratelli d’Italia, le parti Droit et justice (PiS) polonais, Vox (Espagne) et Reconquête (France), tandis qu’ID (Identité et démocratie) réunit le Rassemblement national français, la Ligue italienne et le PVV néerlandais de Geert Wilders – l’AfD allemand en a été récemment écarté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat et issue du Parti populaire européen (PPE, droite, première formation au Parlement), a exclu de coopérer avec les partis d’ID, accusés d’être des alliés du président russe, Vladimir Poutine. Mais elle affirme être prête à travailler avec ECR et Giorgia Meloni – au grand dam des Socialistes et démocrates (S&D) et de Renew Europe (centristes et libéraux), principaux alliés du PPE dans la «grande coalition» où se forgent les compromis et qui permet d’adopter la plupart des textes.

Reste à savoir quel groupe intègrera le Fidesz du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, qui lorgne l’ECR après avoir été chassé du PPE.

Les partis des droites radicales pourraient, en nombre cumulé d’eurodéputés, dépasser le PPE, mais l’hypothèse récurrente d’une fusion ECR-ID reste compliquée en raison de leurs importantes divergences – notamment sur la Russie, l’Europe et l’économie (lire également ci-dessous).

Quels dirigeants incarneront l’UE?

Les équilibres politiques issus des élections détermineront l’attribution des «top jobs» : les chefs des institutions de l’UE (Commission, Conseil, Parlement) ou encore le haut représentant de la diplomatie.

Les dirigeants des Vingt-Sept veulent trancher cette distribution lors d’un sommet les 27 et 28 juin.

La plupart des grands groupes ont désigné leur candidat à la présidence de la Commission. Le PPE étant attendu en tête, sa candidate Ursula von der Leyen est favorite pour sa reconduction. Mais celle-ci devra être confirmée par les chefs d’Etat et de gouvernement, puis par un vote des eurodéputés – peut-être dès juillet.

Contestée au sein du PPE et critiquée par la gauche et les libéraux pour avoir approché Giorgia Meloni, sa reconduction n’est cependant pas acquise. L’ex-chef du gouvernement italien Mario Draghi fait partie des alternatives évoquées.

En embuscade se trouve le Luxembourgeois Nicolas Schmit, qui aborde le scrutin en tant que tête de liste du Parti socialiste européen (lire également en page 2).

Quel avenir du Pacte vert?

Fin des voitures thermiques neuves en 2035, déforestation importée, taxe carbone aux frontières… Après des avancées majeures sur certains volets d’ores et déjà adoptés, le Green Deal (Pacte vert), gigantesque paquet de législations environnementales, polarise désormais les contestations.

Impact socio-économique, «fardeau» pour les entreprises et ménages, colère agricole, appels à une «pause» réglementaire : à l’unisson de l’extrême droite, le PPE réclame de ne pas renforcer les mesures vertes contraignantes, pour mieux doper l’industrie et la compétitivité.

Un Parlement où l’extrême droite pèserait davantage serait susceptible d’enrayer les législations climatiques pour l’après-2030, voire de compliquer l’application de textes déjà adoptés, dont certains comprennent des clauses de révision (fin des moteurs thermiques…)

Signe d’un net reflux des préoccupations environnementales, les Verts pourraient perdre 40 % de leurs eurodéputés, selon les sondages.

Quel message pour l’Ukraine?

L’invasion russe de l’Ukraine pousse les Européens à renforcer leur industrie de défense et leur sécurité, mais ils peinent à dégager les fonds nécessaires.

Bruxelles a proposé une nouvelle stratégie dotée de 1,5 milliard d’euros pour aider les industriels du secteur à mieux travailler ensemble, qu’il reste à négocier. Faute d’accord en vue d’un nouvel emprunt européen, sur le modèle du fonds de relance postcovid, le dossier animera les discussions du nouveau Parlement consacrées au budget pluriannuel de l’UE.

Les eurodéputés – dépourvus de compétence sur la politique étrangère – n’influenceront guère les débats sur l’envoi éventuel de troupes en Ukraine, mais pourraient peser sur les futures négociations avec Kiev pour son adhésion à l’UE.

2 plusieurs commentaires

  1. Et quant au pacte vert, c’est une catastrophe pour toute l’europe et notamment pour son ex-industrie automobile, désormais immolée sur l’autel de l’idéologie écolo-pastèque.

  2. Quel message pour l ukraine?
    Qu ils cessent de nous emm…..et qu ils comprennent que personne ne veut de ces corrompus en europe.