Le Fola a encore eu droit à un nouveau miracle, concocté par ses vieux de la vieille. Sauvés pour la DN, ils savourent, mais se demandent à quoi ressemblera la suite.
Dans sa causerie d’avant-match, dimanche, à Mondorf, Emmanuel Cabral a exhorté le vestiaire à «offrir l’opportunité à Julien Klein de parvenir à jouer 300 matches en BGL Ligue». Coincé à 295, le capitaine eschois, tout juste de retour sur les terrains après avoir vaincu le cancer, aurait dû regarder ses jeunes coéquipiers se défoncer pour lui, mais il a dû contribuer à écrire lui-même le scénario dingue d’un nouveau sauvetage légendaire, dimanche soir, devant plus de 2 200 personnes. La blessure de Camara, très tôt dans le match (35e minute), a exigé du Français qu’il fasse ce dont il ne se sentait pas capable. «Je ne pensais même pas être capable de jouer soixante minutes. Alors, avec les prolongations en plus…»
Julien Klein a fini avec des crampes. Et une histoire dingue à raconter à ses petits-enfants, puisque c’est lui, le revenant, celui dont tout le club disait qu’il donnait surtout une force morale aux troupes, qui a poussé le ballon au fond dans les arrêts de jeu alors que, comme l’an passé face à Canach, le club doyen avait déjà un pied et demi en PH. «En termes d’émotions, ce n’est pas aussi bien que la saison passée, mais pas loin. Parce que là, c’est moi qui marque…»
Mais le futur les inquiète quand même…
Manu Cabral, son gardien de but, l’homme avec qui il partage une trentaine d’années de club mises bout à bout, n’est pas d’accord : c’est encore plus fort que le 4-3 contre Canach de 2023, ce match lors duquel le Fola égalise à la dernière seconde des arrêts de jeu. «Parce que c’est notre capitaine qui marque et qu’on sait ce qu’il a vécu! Quand il a égalisé, Andre (Ferreira) est venu me voir et il m’a dit : « c’est bon, Dieu est descendu parmi nous, on est sauvés »». C’est le pied de Julien Klein que le dieu du football a investi. Puis les gants de Manu Cabral. Auteur d’une partie monumentale, il a sorti dans la foulée une séance de tirs au but qui l’était tout autant. Captant deux tirs mal frappés notamment. «Il nous a fait le show», se régale Klein. Et il a continué hier, aux micros : «C’est le genre d’ambiance qu’il me faut! J’ai eu un coéquipier un jour, Tom Laterza, qui était comme moi : au rendez-vous quand ça chauffe. Moi, j’aime quand il y a du public qui gueule, du public qui me traite (sic). Quand vous m’avez mis dans mon match, c’est fini!».
Eh bien justement, pour le Fola, ça continue. Mais comment, exactement? Cabral est en fin de contrat, comme beaucoup de monde. Restera-t-il dans son club de toujours? Il laisse bizarrement planer le doute : «Je parlerai en premier avec eux, puis on verra». Julien Klein a lui a priori toujours un contrat et ira discuter pour la forme, mais il aimerait la faire, cette dernière saison dans son éternel club aux rayures rouges et blanches. Reste à savoir si cette équipe ne va pas encore subir des coupes sombres tant la situation financière continue d’être inquiétante. Stefano Bensi, qui a sauvé son équipe une nouvelle fois, sera-t-il encore seulement là? Quand il est parti à une heure du matin («On n’a plus vingt ans, hein!»), Klein n’en savait rien. En rentrant chez lui à 3 h 45, Cabral n’avait pas plus d’informations. Le Fola aurait-il encore reculé pour mieux sauter?