Jean Asselborn ne ménage ni ses efforts ni parfois ses critiques pour convaincre l’Union européenne de relever le défi de l’accueil des réfugiés du Moyen-Orient rejoignant l’Europe par centaines de milliers depuis cet été.
«Nous devons y arriver», disait il y a encore quelques jours le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères en écho au «nous allons y arriver» d’Angela Merkel. Alors que le Luxembourg occupe jusqu’à fin décembre la présidence du Conseil de l’Union européenne, ses exhortations se perdent de plus en plus dans le désert. Dernier exemple en date, celui de l’Autriche annonçant, hier, qu’elle allait ériger une clôture sur sa frontière avec la Slovénie. Le pays des Balkans, devenu un point de transit majeur des réfugiés, est pourtant membre de l’UE et de l’espace Schengen.
Clôtures, extrême droite qui caracolent, discours xénophobes de gouvernants : nous voilà bien loin des idéaux de paix et de solidarité des pères fondateurs de l’UE.
Il est pourtant incontournable pour l’Europe d’avancer unie. Et ce n’est pas qu’une question d’humanisme. À en croire les chercheurs s’exprimant sur les migrations depuis les années soixante-dix, le pire serait à venir.
Ainsi, et pour ne citer que celle-ci, une très sérieuse étude publiée par l’université de Hambourg en 2007 estime à quelque 200 millions le nombre de victimes du réchauffement climatique qui vont migrer vers les pays riches dans les 30 ans à venir. Ajoutez à cela les réfugiés des guerres présentes et à venir ainsi que les «réfugiés économiques» et l’on arrive à des chiffres à donner le tournis en comparaison des 700 000 Syriens, Afghans ou Irakiens ayant rejoint l’Europe depuis le début de l’année.
Nul besoin d’espérer que de quelconques barbelés ou autres mesures coercitives puissent arrêter des migrants pour lesquels il s’agit d’une question de vie ou de mort. Au lieu de faire l’autruche comme c’est le cas depuis quarante ans, l’Europe serait bien inspirée d’anticiper, tant en matière d’accueil que de rééquilibrage économique, social et écologique en faveur des pays du Sud. Un défi impératif dépassant de beaucoup le seul horizon politique de prochaines échéances électorales car, on l’aura compris, nous n’avons encore rien vu.
Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)