Façade fissurée

La politique du logement menée au Luxembourg est un échec. Le constat est limpide et cinglant. Le gouvernement CSV-DP, au pouvoir depuis six mois, va-t-il enfin réussir à inverser la tendance? Il est trop tôt pour répondre à cette question. Seule certitude : le retard à rattraper est titanesque. Le constat vaut particulièrement pour le parc de logements à prix abordable, qu’il soit public ou privé. L’absence d’un cadre législatif approprié a laissé pendant de trop longues années, voire décennies, le champ libre aux promoteurs privés, qui ont engrangé d’énormes plus-values. La volonté de rééquilibrer l’offre et la demande n’a jamais été présente. La spéculation foncière a mis en péril la cohésion sociale. Car parmi les facteurs majeurs qui poussent les moyens et bas salaires au bord de la pauvreté figurent des prix du logement exorbitants.

Il est assez aberrant de voir aujourd’hui ces mêmes promoteurs, agents immobiliers et entreprises appeler l’État à la rescousse. Il faut bien entendu faire la part des choses. Oui, il faut sauver les emplois de milliers d’ouvriers. Il est également indispensable d’augmenter à nouveau la cadence de la construction de logements.

Quelle recette, donc, pour repartir du bon pied? Le premier grand paquet de relance ficelé par le nouvel exécutif vient d’être adopté par la Chambre. Sans les voix du LSAP et de déi gréng, tous deux membres du gouvernement sortant. Ils ne sont certainement pas opposés aux nouvelles aides au logement (lire ci-dessus). Mais on ne peut pas leur donner tort sur le fait que le paquet risque de profiter davantage aux investisseurs qu’aux familles et citoyens qui cherchent à se loger dignement. Certes, l’État a besoin de promoteurs privés pour agrandir le parc de logements, qu’ils soient destinés à la location ou à la vente à un prix abordable. Il reste à prouver que les formules fiscales du passé, qui se sont avérées contre-productives, auront cette fois un impact plus positif. La décision de mettre entre parenthèses le plafonnement des loyers est un mauvais signal. Les taxes de mobilisation des terrains et des logements inoccupés ont, elles aussi, disparu des radars. D’autres mesures sont annoncées. Temporiser n’est plus une option, car la façade fissurée de la maison Luxembourg doit être réparée d’urgence.