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Crier au loup

Le bilan statistique de la criminalité est toujours à analyser avec précaution. En effet, le nombre de plaintes déposées ne peut pas refléter la situation dans sa globalité. L’image globale peut s’avérer plus ou moins grave que ne le relèvent les chiffres recueillis et présentés annuellement par la police. D’autres facteurs sont également à prendre en compte.

Partant de ces constats, il est erroné de clamer que la criminalité a connu un nouveau bond spectaculaire en 2023. Oui, une hausse de 6,4 % du nombre d’affaires traitées est à noter. L’augmentation est moindre si on ne tient compte que des résidents (+4,6 %). Les 40 293 plaintes enregistrées ne doivent cependant pas mener à la conclusion que le Grand-Duché s’est une nouvelle fois rapproché d’une zone de non-droit, où les malfrats font la loi. Pour preuve, il y a eu moins de vols avec violence, il y a eu moins de grandes violences et moins de cambriolages en 2023. «Cela a un effet positif sur le sentiment de sécurité», admet le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV), après avoir mené campagne sur une situation sécuritaire qui ne cesserait plus de se dégrader.

Il n’est pas le seul. Le député Fred Keup (ADR) se fait un malin plaisir d’épingler chaque fait divers pour souligner que la sécurité intérieure n’est plus du tout assurée au Luxembourg. «Probablement, on ne nous dit pas tout», a-t-il annoncé lundi sur X en réaction à l’agression d’un homme par un individu armé d’un couteau. Mais, comme précisé plus haut, tirer des conclusions à partir de cas isolés fait partie des stratagèmes des partis populistes pour propager une fausse image, dans l’espoir de gagner des voix et des soutiens.

Par contre, il existe des tendances sociétales inquiétantes, avec une hausse des coups et blessures volontaires (+12 %), des interventions pour violences domestiques (+8 %) ainsi que des menaces ou injures (+21 %). Le virage répressif engagé par le nouveau gouvernement ne sera, de loin, pas suffisant pour endiguer ces phénomènes. Le recrutement renforcé de policiers, mieux équipés, est bien à saluer. Mais, tout comme pour lutter contre une mendicité qui dérange, le plan d’action doit être plus global. Crier au loup est trop simpliste et, au surplus, dangereux.