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SOS Détresse : «Le suicide n’est pas un choix»


L’association SOS Détresse aide les personnes isolées dans le besoin.

Ce samedi, plusieurs associations organisent une marche pour la prévention contre le suicide à Luxembourg. L’occasion de parler de ce sujet tabou avec l’ASBL, SOS Détresse.

Tout au long de l’année, les bénévoles de l’association SOS Détresse aident les personnes isolées ressentant une grande souffrance psychique. Un mal-être qui peut être dû à plusieurs facteurs : des problèmes intrafamiliaux, sociaux ou parfois des difficultés psychologiques résultant de maladies chroniques. Et parmi les 3 000 appels que reçoit chaque année l’ASBL, certaines personnes confient, au bout du fil, leur envie de mettre fin à leurs jours.

Pour faire face à cette situation, les bénévoles de SOS Détresse sont formés très rigoureusement sur plusieurs thématiques dont le suicide. Ce processus, qui comprend quatre modules, dure un an et demi. Mais avant d’être seuls à répondre aux appels, ils sont aussi accompagnés pendant un certain temps avec un parrain ou une marraine bénévole. «Lors de cette phase, on se rassemble toutes les deux semaines pour échanger (…). Pour la thématique du suicide, elle dure plus longtemps et est beaucoup intensive que les autres», souligne Josiane Zbinden, assistance sociale et thérapeute familiale au sein de l’association.

Face à ces histoires riches émotionnellement, les bénévoles de l’ASBL sont, eux aussi, suivis par des spécialistes de la santé mentale. «L’idée n’est pas de rester seul avec ce que l’on vit. C’est très important, car nous n’avons pas le droit d’en parler à l’extérieur», indique Jessica Levy, psychologue à SOS Détresse.

«Faire attention à l’autre»

Dans cette association, les bénévoles sont là uniquement pour écouter «sans jugement et sans donner de conseils» la personne qui a souhaité se confier à un inconnu. «En fait, généralement, elle se sent seule ou est isolée et n’a donc personne à qui parler. Parfois, on est leur unique contact humain et on devient, à leurs yeux, quelqu’un de très important», confie Josiane Zbinden.

Lors de ces échanges, les bénévoles essaient ainsi tout simplement d’écouter et de valoriser la personne en souffrance. «On veut qu’elle soit comprise (…). Peut-être la personne elle-même va trouver dans le récit de ses difficultés et émotions, des pistes de solutions, ou de nouvelles ressources», indique-t-elle. De ce fait, les bénévoles de SOS Détresse ne vont pas orienter spécifiquement les personnes vers des spécialistes ou des médecins dans un souci de confidentialité. «On peut donner des adresses. Mais c’est la personne qui doit prendre ses décisions, car tout est anonyme», appuie Josiane Zbinden.

On devient, à leurs yeux, quelqu’un de très important»

Un dialogue plus que nécessaire pour les personnes qui témoignent de pensées suicidaires. Pour elles, il est souvent difficile d’en parler ouvertement. «On dit généralement que c’est un choix, or ça ne l’est pas. Cette idée du suicide est envisagée quand elle devient la seule solution envisageable pour une personne de mettre fin à sa souffrance. Cela peut être la conséquence d’un long processus ou parfois d’une crise qui va déclencher cet acte (…). Régulièrement, on voit que la personne éprouve de la honte de ne pas avoir réussi à s’en sortir», détaille la thérapeute systémique familiale.

Pour prévenir et sensibiliser au mieux ce sujet qui reste tabou dans la société, l’association est partenaire d’une marche contre le suicide qui se déroulera ce samedi dès l’aube à Luxembourg. Un parcours symbolique des «ténèbres» vers la «lumière» qui permettra aux participants de se confier, sans appréhension. Mais aussi de réfléchir sur la façon dont on peut mieux détecter les signaux d’alerte chez les personnes aux pensées suicidaires. «Il faut vraiment les prendre au sérieux, leur parler et surtout ne pas les laisser seules», recommande Jessica Levy. En somme, comme l’explique Josiane Zbinden, «que tout le monde fasse attention à l’autre».

Un tchat confidentiel

SOS Détresse existe depuis 1977 au Luxembourg. Initialement établie en espace d’écoute téléphonique, l’association a ensuite ajouté, des années plus tard, un système de messagerie électronique. En outre, les personnes en souffrance peuvent aussi se confier via un tchat. Lancé il y a peine deux mois, celui-ci est ouvert les lundis et jeudis de 17 h à 21 h et est disponible en français, luxembourgeois, allemand et anglais. 

Une nouveauté qui permet à la jeune génération de trouver, elle aussi, de l’aide. «Ils vont plus utiliser ce biais que les appels téléphoniques», précise Josiane Zbinden. Par ailleurs, l’assistante sociale observe une légère augmentation depuis le lancement de la messagerie en ligne, en 2013. «On est à environ 30 % de hausse et pour les appels, c’est plutôt stable», note-t-elle.

Plus d’informations sur 454545.lu.