L’hydrogène pour sauver le moteur thermique. Le nucléaire pour éviter le passage à l’énergie renouvelable. Voici deux exemples pour une politique qui se dit favorable à «l’ouverture technologique».
Ce qui sonne bien est en réalité un frein au virage énergétique que les pays industrialisés, principaux émetteurs de gaz à effet de serre, doivent prendre sans plus tarder. Les défenseurs de cette prétendue ouverture d’esprit omettent, en effet, de préciser que les nouvelles technologies qu’ils promeuvent ne verront pas le jour de sitôt.
Le constat vaut pour l’hydrogène, qui ne devrait d’ailleurs jamais servir le trafic motorisé individuel, mais bien davantage les avions, navires et poids lourds. Il en est de même pour les réacteurs nucléaires de nouvelle génération. La construction de nouvelles centrales peut durer des décennies et leur coût s’avère faramineux.
Un exemple : lancé en 2007, le chantier pour sortir de terre le réacteur EPR de Flamanville devait durer cinq ans pour un coût de 3,3 milliards d’euros. Il a finalement duré 17 ans pour une facture désormais estimée à 19,1 milliards d’euros.
En attendant, les centrales nucléaires existantes vieillissent avec tous les risques de sécurité que cela entraîne. Pire, le changement climatique force les exploitants à mettre temporairement à l’arrêt des réacteurs, faute d’eau de refroidissement en quantité suffisante.
Autre fait remarquable : le réacteur n° 1 de la centrale de Cattenom est à l’arrêt depuis le premier week-end de mai et ne devrait pas redémarrer avant 100 jours. Un trop-plein d’électricité, provoqué notamment par la place croissante que prennent les énergies renouvelables, explique cette première sur le parc nucléaire français.
Le nucléaire peut-il donc vraiment être cette source d’énergie de transition afin d’atteindre, en 2050, l’objectif de la neutralité carbone ? La réponse est oui pour une trentaine de pays, dont la France et la Belgique, voisins directs du Grand-Duché.
Les désavantages et risques font toutefois du nucléaire une fausse technologie de transition. Au Luxembourg, la très grande majorité des partis partage cet avis. Moins le CSV, qui a du mal à expliquer sa position qui est à la fois pro-renouvelables et pro-nucléaire.