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Escroquerie : le prévenu savait saisir les occasions de s’enrichir 


Jean-Claude est notamment accusé d’avoir obtenu une voiture à bas prix et de l’avoir revendue près de cinq fois plus cher en abusant de la faiblesse de son propriétaire. (Photo : archives lq)

De ses codétenus à ses voisins de chambre d’hôpital, Jean-Claude savait saisir les occasions de se remplir les poches quand elles se présentaient à lui. Il est accusé d’escroquerie.

Jean-Claude est un escroc. Cela ne fait aucun doute pour la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Elle ne le connaît pas et ne l’a jamais vu, mais le casier judiciaire de cet homme de 51 ans donne, selon elle, un aperçu parlant du personnage. «Il a passé une bonne partie de sa vie derrière les barreaux. Il n’a jamais dû travailler pour gagner sa vie honnêtement.» Depuis 1994, il a été condamné à plusieurs reprises pour des faits d’escroquerie ainsi que de faux et d’usage de faux et a connu la détention.

C’est au centre pénitentiaire de Givenich qu’il a rencontré Fernand, une de ses victimes présumées dans l’affaire d’escroquerie pour laquelle il a été jugé par défaut mardi matin. Fernand purgeait une peine pour braquage et venait de toucher un héritage. Jean-Claude lui a d’abord emprunté 7 000 euros pour acheter une berline allemande en 2017 avant de lui demander 30 000 euros supplémentaires pour régler ses frais d’avocat. «Il devait régler une affaire qui devait lui rapporter un million d’euros», s’est souvenu l’homme de 68 ans. «Il devait me rembourser 500 euros par mois.»

«C’était comme si elles voulaient se protéger»

Le prévenu ne lui a rendu que 50 euros sur les 60 700 euros escroqués. En 2018, Fernand a commis l’erreur de donner accès à son compte en banque à Jean-Claude et de lui remettre son token pour qu’il effectue une tâche comptable en ligne. Jean-Claude ne lui a jamais rendu son token et a profité du retour du témoin à Schrassig pour ponctionner régulièrement ses économies jusqu’à ce que la banque le bloque. «Il a remis un token à ma fille. Ce n’était pas le mien», a commenté le retraité qui s’est porté partie civile, espérant récupérer son argent.

Aux policiers qui l’avaient interrogé, le prévenu avait indiqué avoir prélevé l’argent sur le compte de Fernand et le lui avoir remis en prison. Les 30 000 euros avaient servi à financer l’achat de lingots d’or ayant appartenu à une de ses connaissances. Lui-même n’aurait donc pas empoché un centime.

Cette version n’a pas convaincu l’enquêteur qui a rencontré d’autres victimes présumées de Jean-Claude. Il laisse suggérer qu’elles étaient peut-être encore sous sa coupe au moment de leurs interrogatoires et «ne m’ont pas tout dit». «C’était comme si elles voulaient se protéger», rajoute le policier. Une d’entre elles lui a offert une voiture de 30 000 euros pour apurer une prétendue dette. Voiture que le prévenu a revendue 36 000 euros. «La victime n’a pas voulu me dire de quelle nature était cette dette.»

«Il savait ce qu’il faisait»

L’ex-compagne de Jean-Claude a dénoncé ses activités à la police en juin 2018. La section criminalité générale se lance dans une enquête et découvre que le quinquagénaire a commis un abus de faiblesse sur son voisin de chambre lors d’un séjour à l’hôpital. «Il savait ce qu’il faisait et savait choisir ses victimes», résume le policier. Celle-ci est alcoolique, malade et désorientée. Jean-Claude y voit une opportunité.

«Mon frère m’a présenté Jean-Claude comme un ami. J’étais contente qu’il voie quelqu’un d’autre que moi ou les infirmières», raconte la sœur de l’homme décédé quelques mois après les faits. «Je ne me suis pas méfiée quand il m’a annoncé qu’il voulait lui vendre sa voiture. Au contraire, j’étais soulagée. Je lui avais déjà enlevé la clé.»

La voiture n’est pas neuve, mais elle n’a que 5 000 kilomètres au compteur. Jean-Claude en propose 2 000 euros à sa victime présumée. Un premier contrat de vente est signé en janvier 2018. «Je m’étais renseignée. Je savais que la voiture valait plus», précise la sœur. Elle parvient à faire passer le prix de vente à 3 000 euros avant de faire placer son frère sous curatelle. Un mois plus tard, Jean-Claude a revendu la voiture pour 14 000 euros à un vendeur de voitures d’occasion. Il lui est également reproché d’avoir prélevé deux fois 500 euros et une fois 600 euros avec la carte bancaire de sa victime présumée qui, selon l’enquêteur, «n’était plus en mesure de raisonner normalement».

Le procureur a requis une peine de prison de 3 ans à l’encontre de Jean-Claude pour escroquerie, abus de faiblesse, blanchiment et détention de l’argent escroqué. Le prévenu a, selon lui, «une grande expérience en la matière». Il aurait notamment usé de  mises en scène» et «d’écrans de fumée» pour parvenir à ses fins.

Le prononcé est fixé au 30 mai.