Pas encore 30 ans, iolanda a fait forte impression lundi lors des répétitions générales avec sa chanson Grito et sa pop mêlée au fado. Après 2017, le Portugal pourrait-il à nouveau l’emporter ?
Elle a des ongles aussi grands que des griffes, mais son sourire n’a rien de carnassier. D’ailleurs, après sa première répétition réussie lundi à Malmö, c’est toute une faune qui se presse autour d’elle pour faire des photos et échanger deux mots. Au milieu de l’agitation, iolanda reste tranquille, clins d’œil et petites blagues pour mettre l’ambiance.
Née en 1994 au bord de l’océan dans un village proche de Figueira da Foz, partie à Lisbonne puis au Royaume-Uni pour étudier la musique et l’écriture, elle s’est mise en évidence d’abord avec son EP (Cura, 2023) puis avec sa victoire au festival da Canção en février dernier, lui ouvrant les portes de l’Eurovision.
Sa chanson Grito, écrite et composée par ses soins, a de forts accents pop mais n’oublie pas d’où elle vient avec ses racines mélancoliques propres au fado. Après le succès à Kiev de Salvador Sobral il y a sept ans, le Portugal a une nouvelle chance de l’emporter. Mais pour iolanda, l’essentiel est ailleurs : d’abord passer en finale, et surtout, donner du plaisir aux gens.
Comment vous sentez-vous ?
iolanda : Je me sens bien bien, et enthousiaste. C’est vrai, je suis un peu anxieuse, mais dans le bon sens du terme. Qui ne le serait pas à l’Eurovision ? Tout ça est très positif.
Quels sont vos pronostics pour la demi-finale de mardi ?
Je n’en ai pas vraiment. Je suis avant tout reconnaissante d’être là sur scène, et chanter ma chanson du mieux que possible. Oui, c’est ça le plus important : toucher le cœur des gens en étant la plus honnête possible, avant de songer à un quelconque résultat.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre chanson, Grito ?
Elle parle de confiance en soi, de se dire que l’on est capable de faire des choses sans prêter attention à ce que disent les autres, à ce qu’ils attendent de vous. Il y a beaucoup de personnes mal intentionnées, mais il ne faut pas y prêter attention. Il faut passer au-dessus de ça, et mener sa vie comme bon vous semble. Avec ardeur et envie tant qu’à faire !
Depuis votre succès cette année au festival da Canção, votre statut a-t-il changé dans votre pays ?
(Elle rit) Oui, je suis devenue célèbre ! Plus sérieusement, c’est fou et assez surprenant de voir tout l’amour que l’on reçoit des gens, pas seulement du Portugal mais d’un peu partout dans le monde. C’est ça, l’effet Eurovision !
Était-ce important d’apporter dans votre chanson des éléments propres à la culture portugaise, comme le fado ?
Oui, c’est important, mais ce ne doit pas être un geste forcé. Moi, je le fais depuis toujours dans ma musique, que cela soit dans mon EP que dans mes prochaines compostions. Ça n’a rien de calculé. Si on le fait, c’est d’abord parce que c’est naturel, authentique. Personnellement, ça me parle.
En 2017 à Kiev, Salvador Sobral a gagné le premier Eurovision pour le Portugal. Depuis ce succès, est-ce que votre pays s’intéresse plus à ce concours ?
Oui, je pense. Les gens y prêtent probablement plus d’attention même si l’essentiel n’est pas là. L’Eurovision, c’est surtout une façon de connecter les gens entre eux. Je suis heureuse que le Portugal participe à cela. Il y a tellement de cultures qui se mélangent ici que ç’en est inimaginable. D’ailleurs, depuis que je suis à Malmö, j’ai appris une tonne de mots dans plein de langues… que j’ai vite oubliés. Je sais, c’est pas terrible (elle rit).
En français aussi ?
Je connais quelques trucs comme «merci» ou «je ne parle pas le français». C’est la première expression que j’ai apprise. C’est utile !
Avez-vous des retours depuis le Portugal vous concernant ?
Je pense que les gens aiment la chanson, mais elle porte en elle quelque chose de bien plus universel. Je reste étonnée et heureuse qu’elle puisse parler à des personnes qui ne comprennent pas le portugais. C’est toute la beauté de l’Eurovision. Je n’ai pas de mot pour dire à quel point ça m’émeut.
Il y a le Luxembourg qui, cette année, signe son retour après plus de trente ans d’absence. Ça vous réjouit ?
Oui, clairement. J’ai une cousine qui vit là-bas. J’ai un peu perdu le contact avec elle en raison de la carrière que je mène et tout ce que ça implique comme gestion. Mais c’est vrai, je suis contente que ce pays revienne à l’Eurovision. Il y a une importante communauté portugaise au Luxembourg, et ce rapprochement me met du baume au cœur. En plus, j’adore Tali ! Je lui souhaite un maximum de chance.
Vous jouez juste avant elle pour la demi-finale. Il y a un contraste intéressant entre votre chanson et celle de Tali. Qu’en pensez-vous ?
Oui, la sienne est plus «up-tempo» que la mienne. J’espère qu’on les retrouvera toutes les deux en finale samedi.
Vous écrivez vos propres chansons. Qu’est-ce qui vous a poussée à le faire ?
N’étant pas toujours très confiante, l’écriture me permet de sortir des choses au plus profond de moi. Disons que ça vient du corps et du cœur.
On vous sent très proche de vos danseurs…
J’ai connu le chorégraphe avant l’Eurovision car il travaille pour un ami et au sein de la même agence que moi. Mais oui, ce rapprochement est important, car cette expérience se partage. C’est une première pour chacun d’entre nous. On la vit à fond, les uns contre les autres !