La multinationale Uber débarque au Luxembourg à compter de la mi-juin. Une annonce qui n’enchante qu’à moitié les syndicats OGBL et LCGB, qui veulent s’assurer notamment de la «sauvegarde des acquis sociaux» et éviter une «dégradation des droits des chauffeurs de taxi».
L’arrivée d’Uber au Luxembourg ne semble pas faire uniquement des heureux. Si la multinationale a pris son temps et a sollicité une entreprise locale, « Webtaxi », pour s’implanter en douceur, les syndicats OGBL et LCGB restent tout de même sur leurs gardes, comme en témoignent les deux communiqués de presse diffusés ce lundi 6 mai.
Les craintes majoritaires résident surtout dans la sauvegarde des acquis sociaux et du droit du travail pour les chauffeurs. Il faut dire que la réputation de la multinationale la précède : Uber a connu un certain nombre de déboires ces dernières années, employant notamment de faux travailleurs indépendants afin d’échapper aux salaires minimums et aux cotisations sociales des pays où elle s’est implantée…
«Dans la plupart des pays (…), la plateforme a contribué à l’érosion du secteur des taxis, avec des pratiques de concurrence déloyale, pratiquant par exemple des prix si bas qu’ils représentaient en réalité des ventes à perte, avant de les augmenter après s’être érigé en monopole de fait. Même la grande promesse d’Uber — la baisse des prix — a donc constitué un mensonge dans les pays concernés, alors que la plateforme proposait en même temps des conditions de travail épouvantables aux conducteurs.», fustige d’emblée l’OGBL.
Si au Luxembourg, Uber a assuré vouloir respecter la législation nationale, en employant exclusivement des personnes détentrices d’une carte de chauffeur de taxi, cette annonce ne suffit pas pour les deux syndicats : «ceci n’exclut pas encore explicitement l’emploi de faux indépendants» pour les uns ; «il faut éviter toute dégradation des droits des chauffeurs de taxi», pour les autres.
Une «source d’inquiétude»
Une prise de contact «avec les entreprises concernées pour discuter des détails» sera mise en place par le LCGB, qui dresse une liste de prérogative, où figure notamment une «nouvelle définition des nouvelles formes de travail par le biais de plateformes digitales» ou encore une «réglementation légale plus claire et précise des droits et de la protection légale des salariés indépendants», ainsi qu’un accès à une sécurité sociale.
L’arrivée d’une multinationale «connue pour ses pratiques de dumping social dans un secteur, où aujourd’hui déjà de nombreux acteurs ne respectent pas le droit du travail et la convention collective sectorielle, reste une source d’inquiétude», appuie de son côté l’OGBL, qui n’hésite pas à tacler au passage la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, qui a, elle, salué l’arrivée d’Uber au Grand-Duché. Il faut «des mesures plus intenses de lutte contre le dumping social dans le secteur des taxis et véhicules de location avec chauffeurs», martèlent les syndicats.