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Le Hamas dit étudier avec un «esprit positif» une offre de trêve à Gaza


Des Palestiniens constatant les dégâts après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ce 3 mai. (photo AFP)

Le Hamas dit étudier dans un « esprit positif » une offre de trêve associée à la libération d’otages dans la bande de Gaza, où près de sept mois de guerre dévastatrice ont provoqué selon l’ONU des destructions « sans précédent ».

Alors que les pays médiateurs (Qatar, Égypte, États-Unis) attendent la réponse du Hamas à la nouvelle proposition, des sources médicales dans la bande de Gaza ont fait état vendredi de nouvelles frappes israéliennes meurtrières dans la nuit notamment dans le secteur de Rafah (sud).

Le Hamas étudie dans un « esprit positif » la nouvelle offre sur la table, pour une pause de 40 jours dans les combats, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel.

Ismaïl Haniyeh a « confirmé » qu’une délégation du mouvement se rendrait en Égypte « sous peu » pour compléter les discussions récentes en vue d’un éventuel accord qui « réponde aux exigences de notre peuple » et « mette fin à l’agression ».

Le chef du Hamas, mouvement considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, s’est aussi entretenu avec le ministre qatari des Affaires étrangères, à qui il a répété son souhait de « parvenir à un accord ».

La veille, un responsable du Hamas évoquait une position pour l’instant « négative » du Hamas à propos de ces tractations.

Le mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, maintient ses exigences, en premier lieu un cessez-le-feu permanent, ce qu’Israël a toujours refusé.

« Tout faire » 

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a jugé, à l’occasion d’une nouvelle tournée dans la région cette semaine, la proposition de trêve « extraordinairement généreuse » de la part d’Israël.

Il a aussi exhorté Israël à renoncer à une offensive terrestre sur la ville de Rafah, devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens à la lisière sud du territoire palestinien assiégé.

« Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah », a répété jeudi le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui a réaffirmé son intention de lancer cette offensive « avec ou sans accord » de trêve.

Benjamin Netanyahu l’estime indispensable pour y « anéantir » le Hamas, mais l’ONU et de nombreux pays craignent un carnage.

« Si nous devons nous défendre seuls, nous nous défendrons seuls », a encore dit le Premier ministre israélien alors que la mobilisation s’accentue dans certains pays contre Israël pour la conduite de sa guerre à Gaza.

Outre des manifestations sur les campus de grandes universités aux États-Unis, au Canada, ou encore en France, notamment à Sciences Po Paris, la Colombie a annoncé mercredi rompre ses liens diplomatiques avec Israël, et la Turquie a suspendu jeudi ses relations commerciales avec ce même pays.

Le tout alors que des responsables israéliens commencent à craindre une possible inculpation par la Cour pénale internationale (CPI), à laquelle s’oppose toutefois leur allié américain.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. En outre, plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont désormais 35 sont mortes, après l’annonce d’un nouveau décès.

Le gouvernement israélien a confirmé vendredi le décès de l’otage Dror Or (49 ans), dont deux des enfants, enlevés aussi lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre, avaient été libérés fin novembre dans le cadre d’une première trêve.

« Le gouvernement israélien doit tout faire pour ramener Dror » et les « autres otages assassinés pour qu’il soient enterrés avec honneur en Israël », réclame le Forum des familles d’otages.

En représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait 34 596 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien.

Les bombardements ont encore fait des victimes ces dernières heures, notamment à Rafah, où six corps ont été récupérés après une frappe aérienne israélienne la nuit sur une maison de la famille Al-Chahine dans le quartier d’Al-Zahur, selon la Défense civile et les secouristes.

« Ça suffit, ça suffit (…). Il faut faire pression sur les deux camps » pour un cessez-le-feu, dit Bassam al-Hafi, habitant du secteur touché.

Destruction sans précédent

Des centaines de Gazaouis ont été arrêtés par l’armée israélienne en près de sept mois de guerre. Deux prisonniers, dont un médecin de l’hôpital al-Chifa, sont morts derrière les barreaux israéliens, ont indiqué jeudi deux associations palestiniennes de défense des droits des détenus, affirmant qu’ils ont succombé à « des tortures » et à l’absence de soins.

Le Dr Adnane Ahmed Atiya al-Bourch, 50 ans, était le chef du département d’Orthopédie de l’hôpital al-Chifa. Selon le ministère de la Santé du Hamas, son décès porte à 492 le nombre de membres du personnel médical tués depuis le début de la guerre.

Arrêté « par l’armée d’occupation en décembre 2023 dans un hôpital » du nord du territoire palestinien, il est mort dans la prison d’Ofer, en Cisjordanie occupée, le 19 avril, selon les deux associations qui précisent que sa dépouille y est « toujours retenue ».

L’armée israélienne a indiqué à l’AFP « n’être pas informée » de tels faits.

Outre le lourd bilan humain, la reconstruction devrait coûter de 30 à 40 milliards de dollars (de 28 à 37 milliards d’euros), a estimé jeudi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

« L’ampleur des destructions est énorme et sans précédent (…). C’est une mission à laquelle la communauté internationale n’a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le directeur du bureau régional pour les États arabes du PNUD, Abdallah al-Dardari.