Dans une réponse parlementaire, la ministre de la Santé revient sur la présence de drogues dans les eaux usées du pays et donne les conclusions du gouvernement sur les données publiées par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et le réseau européen SCORE.
En mars 2024, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) et le réseau européen SCORE publiaient leurs analyses des eaux usées dans 88 villes européennes. L’Objectif de cette étude ? Évaluer la consommation, ou tout du moins la présence, de drogues au sein d’une région.
Ce jeudi, Martine Deprez donne plus de détails sur la participation du Luxembourg à cette étude et indique les conclusions qu’en a tirées le gouvernement. La publication de ces informations fait suite à une question parlementaire des députés socialistes Mars Di Bartolomeo et Dan Biancalana.
Jusqu’à présent, le Luxembourg ne participait pas à ces recherches, mais finalement, l’an passé, des analyses ont été réalisées dans différentes stations d’épuration. Et des résultats ont été publiés pour trois localités luxembourgeoises : Mamer, Mersch et Boevange. « Ces stations ont été sélectionnées dans une première phase parce que les prélèvements des eaux y sont effectués selon une procédure accréditée (ISO 5667-10), garantissant un maximum de fiabilité pour le calcul des débits en fonction du temps », indique la ministre de la Santé.
La cocaïne en tête
Cannabis, cocaïne, amphétamine, méthamphétamine, kétamine et MDMA/Ecstasy… Toutes ces substances ont été retrouvées dans des quantités plus ou moins élevées dans les eaux usées du Grand-Duché.
En tête du classement établi par OEDT et le réseau européen SCORE pour le Luxembourg, on retrouve la cocaïne. En moyenne, en 2023, plus de 0,28g de résidus de cocaïne ont été retrouvés, chaque jour et pour 1.000 habitants, dans les eaux usées de la station d’épuration de Mersch. À Mamer, le taux de concentration est à 0,25g et à Boevange, 0,12g. « L’ensemble des substances visées ont été détectées au moins une fois par année (2023) dans toutes les stations retenues et les différences observées entre les trois stations sont faibles », ajoute la ministre.
Martine Deprez souligne également « que les valeurs de concentration pour le Luxembourg sont en moyenne plus faible pour les amphétamines, la méthamphétamine et la kétamine, similaires pour le MDMA et la cocaïne et plus élevées pour le cannabis, par rapport aux valeurs européennes moyennes ».
Malgré sa légalisation, le cannabis n’est pas la drogue la plus présente dans les eaux usées luxembourgeoises. Encore plus étonnant, « les moyennes et les médianes mesurées après l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation nationale en matière de cannabis (juillet 2023) sont légèrement inférieures aux moyennes et médianes observées avant le vote de la loi y afférente ».
Feu vert pour de nouvelles analyses
Quant à l’avenir de ce type d’analyse, Martine Deprez assure que le Luxembourg continuera d’y participer : « Toute initiative permettant de valoriser les stations d’épuration, au-delà de leur fonction de traitement des eaux usées, est soutenue par le Luxembourg ». Dans ce sens, un projet intitulé « SUPERVIR » a été lancé par le Ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, ainsi que la Direction de la Santé et le LIST.
Celui-ci a pour objectif de mettre en place une plateforme de surveillance épidémiologique basée sur l’analyse des eaux usées et l’utilisation de cette plateforme pour la surveillance de pathogènes viraux d’intérêt tels que le SARS-CoV-2, l’Influenza A et le Virus Respiratoire Syncitial (RSV).