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Le Parlement européen scelle la fin du roaming


En juin 2017, un appel vers le Luxembourg depuis la France ou le Portugal coûtera le même prix qu'un appel interne au Grand-Duché. (photo AFP)

Les consommateurs l’attendaient depuis des années : le Parlement européen a enfin voté la fin des frais d’itinérance (dit de « roaming »), ce mardi. À partir du 15 juin 2017, les consommateurs européens paieront le même le prix pour leurs appels, SMS et données mobiles, qu’ils se trouvent dans leur pays ou dans un autre pays de l’Union.

« Contre vents et marées, le Parlement européen a scellé la fin du roaming. À partir du 15 juin 2017, utiliser son téléphone portable à l’étranger ne coûtera pas plus cher que chez soi, que ce soit pour passer un appel, envoyer un SMS ou surfer sur le web. Les mauvaises surprises sur vos factures au retour de vos vacances ou de vos voyages professionnels ne seront plus qu’un mauvais souvenir », se félicite l’eurodéputée luxembourgeoise Viviane Reding.

L’élue du CSV avait été l’une des premières à s’attaquer contre ces « frais injustifiés » dès 2004, alors qu’elle était Commissaire en charge de la société de l’information et des médias : j’avais fait un constat sans appel: appeler depuis l’étranger avec un téléphone mobile coûtait 4 fois plus cher qu’une communication nationale. 13 ans et 4 législations plus tard, les deux seront au même prix. C’est une excellente nouvelle ! », applaudit l’eurodéputée.  » Je suis fière de m’être battue sans relâche face à la résistance des opérateurs téléphoniques et des États membres, soucieux de conserver cette manne financière. »

Partisane d’un véritable marché unique numérique, Viviane Reding entend maintenant s’attaquer « aux frais de roaming chargés hors d’Europe et aux appels internationaux d’un pays européen à un autre ». « Le vote d’aujourd’hui envoie un signal clair: la fragmentation du marché télécoms en 28 marchés nationaux est coûteuse pour les consommateurs et les opérateurs. L’espace numérique n’est-il pas celui où les frontières n’ont aucun sens?« 

Le bémol des unions de consommateurs

De son côté, le Bureau européen des Unions de Consommateurs (BEUC) est moins optimiste et déplore d’importants vides juridiques et incertitudes dans le texte final. Selon lui, la fin du roaming « dépend d’une réforme du marché du gros, c’est-à-dire la connexion entre les différents opérateurs téléphoniques afin d’offrir des services de roaming aux clients, un projet qui a peu de chances d’être finalisé à temps. En outre, les opérateurs ont toujours le droit d’imposer des pratiques qui ne libéreraient pas complètement l’Europe des frais d’itinérance. »

En avril 2016, utiliser son mobile depuis l’étranger coûtera moins cher (5 centimes la minute pour un appel, 2 centimes le SMS et 5 centimes le megabit). « C’est une bonne nouvelle, mais une solution à mi-chemin. Une Europe sans roaming dépend d’une réforme majeure du marché des télécommunications, une tâche de titan à accomplir en seulement 13 mois, tempère Monique Goyens, directrice générale du BEUC. « Le roaming est tout l’inverse de l’Europe actuelle, où les frontières n’existent plus et où l’on peut circuler librement. Les consommateurs veulent la fin du roaming, un point c’est tout. Par exemple, permettre aux entreprises de limiter les droits des voyageurs fréquents ne remplit sûrement pas la promesse de mettre un terme au roaming. »

Le Quotidien

Les « lacunes » de l’internet « ouvert »

Concernant l’ouverture de l’internet, le Bureau européen des Unions de Consommateurs (BEUC) constate des « lacunes » persistantes : « Par exemple, les fournisseurs d’accès à Internet peuvent toujours exempter les géants du Net comme Facebook, Netflix ou Youtube des forfaits de données. En d’autres termes, le contenu de certaines entreprises resterait accessible aux consommateurs, même s’ils ont épuisé leur forfait de données. Les start-ups et services innovants risquent de se retrouver au ban du marché, ce qui limite la concurrence et réduit le choix des consommateurs. Il est maintenant du ressort des autorités nationales de réglementer ces pratiques discriminantes. »