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Dr Iländereck

Une scène surréaliste a eu lieu samedi dans le nouveau quartier de Belval. Des patrouilles de police ont encerclé une douzaine de personnes masquées et armées de revolvers et d’une Kalachnikov.

Finalement, il s’est avéré que tous les malfrats étaient des gamins du coin qui tournaient un clip. Apparemment, le gangsta rap essaie de faire une percée dans le paysage musical luxembourgeois ! Mauvaise nouvelle pour ces gangsters (factices tout comme les armes exhibées samedi) : le Bassin Minier ne sera jamais la Californie malheureusement. Ils pourront néanmoins pavaner devant leurs fans en expliquant qu’ils ont été interpellés de façon spectaculaire. Peut-être le début de leur légende ?

Heureusement, samedi, personne n’a été blessé. En, effet, ce type d’attroupement armé près d’une Université, que ce soit aux États-Unis et au Grand-Duché, a tendance à crisper les forces de l’ordre.

Depuis samedi, on sait donc que même au Grand-Duché, il y a des rappeurs gangsta qui viennent du ghetto, qui doivent vendre de la drogue depuis leur plus tendre enfance pour survivre, qui ont été témoins d’un nombre incalculable de fusillades, qui sont d’anciens membres de gang et ayant de nombreux problèmes avec la police américaine, pardon grand-ducale… Non, ce n’est pas une amende que devraient recevoir ces jeunes adultes mais plutôt un accompagnement psychologique.

Mais, qu’est-ce qui motive ces rappeurs gangsta ? Évidemment tout n’est pas rose au Luxembourg, personne ne le nie. Le pays connaît aussi la précarité, les difficultés sociales, que cachent parfois les indicateurs économiques. Mais, tout de même, on est loin de Compton… La première des règles du rap, mise en avant par les artistes qui ont creusé leur sillon dans l’industrie du disque, est «être authentique».

Pas sûrs que ces rappeurs gangsta le soient avec ce type de comportement grand-guignolesque. Il y a pourtant tellement de thèmes que le rap peut aborder en s’inspirant des défis que doit affronter la société luxembourgeoise. Et il n’y a pas besoin d’avoir un pistolet à eau dans la main pour les aborder…

Laurent Duraisin (lduraisin@lequotidien.lu)