Délicatement, une grue hisse un imposant élément de charpente jusqu’au « grand toit », la structure phare de l’Exposition universelle d’Osaka (ouest du Japon) prévue dans un an, mais qui est actuellement plombée par diverses polémiques et difficultés.
Imaginé par Sou Fujimoto, l’une des stars de l’architecture japonaise contemporaine, cet anneau d’environ 2 km de circonférence et 20 mètres de hauteur sera l’une des plus grandes structures en bois jamais construites au monde.
Les pavillons des 161 pays et territoires participants seront bâtis à l’intérieur de ce cercle grandiose pour symboliser « un monde uni », vante Sachiko Yoshimura, responsable de la communication de l’Expo 2025 interrogée sur le chantier.
Mais cette vision idéale se heurte à la réalité des conflits et tensions dans le monde, de l’Ukraine à Gaza. La Russie a décidé de ne pas participer à l’Expo. Et au Japon, l’événement est loin de faire l’unanimité pour l’instant.
Selon un récent sondage de l’agence de presse japonaise Kyodo, 82% des entreprises et organisations nippones impliquées dans l’événement s’inquiètent du manque d’enthousiasme du public pour l’heure.
« Des difficultés »
Les médias locaux soulignent depuis des mois l’explosion de ses coûts de construction, à cause de la flambée des prix et de la pénurie de main-d’œuvre au Japon.
Le budget du chantier pour le pays organisateur, financé aux deux tiers par la ville d’Osaka, son département et l’État, a été réévalué à 235 milliards de yens (1,4 milliard d’euros), un bond de 27% par rapport à la précédente estimation en 2020.
Le « grand toit », sur lequel les visiteurs pourront déambuler et sous lequel ils pourront s’abriter de la pluie ou du soleil, doit coûter à lui seul 35 milliards de yens (plus de 210 millions d’euros).
Ce qui lui a valu d’être surnommé l’an dernier « le parasol le plus cher au monde » par Kenta Izumi, le leader du principal parti d’opposition au Japon.
La facture de l’Expo paraît d’autant plus salée que ses structures sont censées être temporaires : après les six mois de l’événement (13 avril-13 octobre 2025), la ville souhaite récupérer le site, l’île artificielle de Yumeshima dans la baie d’Osaka, projetant d’y construire à terme un complexe touristique avec un casino.
L’Expo a aussi été accusée par certains détracteurs d’accaparer les efforts du Japon, à un moment où le gouvernement devrait selon eux se concentrer sur la reconstruction des zones dévastées par le séisme du 1er janvier dans le centre du pays. Environ 6.300 personnes y vivent encore dans des centres d’évacuation ou des hôtels.
Le gouvernement nippon a cependant exclu d’annuler ou de reporter l’événement.
« La plupart des constructions sont dans les temps », selon Mme Yoshimura.
Jun Takashina, secrétaire général adjoint de l’Expo 2025, admet « des difficultés » pour certains pays étrangers construisant eux-mêmes leurs pavillons, confrontés, eux aussi, à la flambée des coûts et devant s’adapter aux strictes normes de construction japonaises.
« Nous veillerons à ce que tous les pavillons soient prêts à l’ouverture », promet-il, notant que les cérémonies du « premier coup de pelle » se multiplient ces temps-ci. Celle du pavillon français, dont le thème sera « Un hymne à l’amour », est prévue le 23 avril.
Taxis volants et mascotte bizarroïde
Des voitures électriques volantes à décollage vertical (e-VTOL) sont l’une des attractions les plus attendues à cette Expo axée sur le développement durable, et dont le thème principal s’intitule « Concevoir le futur, imaginer notre vie de demain ».
Mais l’usage de ces aéronefs expérimentaux, qui font face à des obstacles réglementaires, s’annonce limité.
Les organisateurs tablent sur 28,2 millions de visiteurs (dont 3,5 millions de l’étranger), soit 4 millions de plus qu’à l’Expo 2020 de Dubaï. Plus de 1,2 million de billets ont déjà été vendus.
La promotion de l’Expo est déjà intense à Osaka, où sa mascotte officielle « Myaku-Myaku », étrange créature extraterrestre rouge et bleue aux cinq yeux éparpillés, est omniprésente.
« Ce sera une bonne opportunité pour doper Osaka, comme beaucoup de gens devraient venir de l’étranger, ça va renforcer l’économie », déclare à l’AFP Kosuke Ito, un médecin de 36 ans.
Yuka Nakamura, une vendeuse de 26 ans, est du même avis. Mais elle n’est pas encore certaine d’aller à l’Expo, s’inquiétant des « prix élevés » des billets (de 4.000 à 7.500 yens par adulte pour une journée, soit de 24 à 45 euros).
We are punk. We believe in no future. Stop.it, for the money. not nessessary. Stop it for 10 years. Invest in weapons. Invest in hell.