La Cour des comptes met en garde contre une hausse de la dette publique alors que les finances publiques risquent d’être secouées par les phénomènes climatiques qui auront un coût.
Il y a urgence à réaliser des économies si le pays ne veut pas courir le risque de s’endetter davantage et au prix fort. La Cour des comptes s’inquiète de la soutenabilité des finances publiques, à moyen terme, au rythme où l’État emprunte depuis une quinzaine d’années. Les investissements, pourtant nécessaires pour garantir l’avenir du pays et de ses habitants, risquent d’en pâtir.
La Cour applaudit aux annonces du ministre des Finances, Gilles Roth, relatives aux mesures d’économie budgétaire, mais constate que le budget de 2024 ne les transcrit pas. Face aux députés à qui la Cour présentait son avis, cette observation a déclenché des réactions immédiates de l’opposition.
Comme elle, les députés de l’opposition jugent également utiles que soit dressé un catalogue exhaustif des mesures d’économie détaillant quels départements ministériels, quelles administrations et quels postes budgétaires seront impactés, mais également quel sera le montant des sommes épargnées. La Cour prend pour exemple le «paquet pour l’avenir» lancé en 2014 («Zukunftspak») par le tout nouveau gouvernement tricolore et qui avait pour objectif d’assainir les finances publiques.
Selon le compte rendu de la commission livré par la Chambre, les députés de l’opposition ont souligné que les différents ministres étaient incapables de fournir une liste chiffrée des mesures d’économie dans leurs domaines respectifs.
Reste que les déficits récurrents au niveau de l’administration centrale «mèneront inévitablement à une hausse de la dette publique», comme le craint la Cour des comptes.
Selon les prévisions retenues par le gouvernement, l’encours de la dette de l’État central continue à augmenter de quelque 7 milliards d’euros, voire de 40,84 % au cours de la période 2023-2027. «Cette évolution fait suite au recours massif par l’État à l’emprunt ces quinze dernières années, de sorte que la dette de l’administration publique par rapport au PIB a triplé sur cette période», observe la Cour des comptes.
Le coût lié au service de la dette publique augmenterait de 125 millions d’euros en 2022 à 502 millions d’euros en 2027. «La Cour avait déjà soulevé dans ses avis antérieurs que le recours massif à l’emprunt encouragé par des taux d’intérêt très bas allait avoir des effets négatifs sur la charge d’intérêts, les remboursements de ces emprunts devant se faire par la contraction de nouveaux emprunts à des taux d’intérêt plus élevés», écrit-elle dans son avis.
La crise climatique coûte cher
Les finances publiques seront encore mises à mal à l’avenir. La Cour ne fait pas seulement référence aux mesures prises dans le cadre de l’«Energiedësch» et de celles qui concernent la crise du logement, mais des phénomènes climatiques qui vont peser lourdement dans les comptes de l’État. Jusqu’à présent, l’enveloppe budgétaire allouée à la mise en œuvre des différentes mesures pour combattre les crises, s’élève à 4 milliards d’euros, dont 65 millions d’euros sont destinés à l’exécution de l’«Energiedësch», 990 millions d’euros au «Solidaritéitspak 1.0», 987 millions d’euros au «Solidaritéitspak 2.0», 1.5 milliard d’euros au «Solidaritéitspak 3.0» et 500 millions d’euros au régime d’aides sous forme de garanties de l’État.
Personne ne sait ce que vont coûter les phénomènes climatiques, mais ils deviendront de plus en plus fréquents et violents. L’Europe n’est pas suffisamment préparée pour affronter la multiplication des aléas naturels, selon une évaluation récente de l’Agence européenne pour l’environnement, que cite la Cour. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies de forêt et les inondations risquent de prendre une dimension critique et désastreuse d’ici 2100.
La BCE constate, elle aussi, que tous les scénarios de transition énergétique détiennent un coût, mais que «le retardement de l’action climatique mettra en péril l’économie européenne» alors qu’une transition rapide «est le meilleur moyen» de la préserver.
La Cour des comptes estime à ce stade que la crise climatique sera la prochaine crise qui aura un impact financier considérable sur les finances publiques.