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Allemagne : un procès-fleuve en mai très attendu


Les forces spéciales dans le Bad Lobenstein, en 2022, à la recherche des membres d'un "groupe terroriste" d'extrême droite soupçonné de planifier une attaque contre le Parlement. (photo AFP)

Neuf membres d’un réseau armé, dont un aristocrate, une ancienne députée d’extrême droite et un ex-haut gradé de l’armée, seront jugés à partir du 21 mai en Allemagne pour un projet de coup d’État déjoué fin 2022, qui a choqué le pays.

Les accusés sont soupçonnés d’être les meneurs d’un groupe nourri aux idéologies complotistes et d’extrême droite, qui projetait d’envahir le Bundestag, la Chambre basse du Parlement allemand à Berlin, pour y arrêter les députés et renverser le gouvernement.

Ils seront jugés pour « participation à une organisation terroriste » jusqu’en janvier 2025 au moins, au cours d’une cinquantaine d’audiences, a déclaré mardi le tribunal de Francfort, où se tiendra le procès.

Il s’agit de la principale procédure contre ce réseau dont le démantèlement fin 2022 a mis en lumière les ressorts de la menace conspirationniste et anti-système en Allemagne.

Le reste des 26 membres de cette tentative de putsch comparaîtra dans deux procès distincts à partir du 29 avril à Stuttgart pour neuf d’entre eux, et à Munich à partir du 18 juin pour les autres.

Château

Le tribunal de Francfort jugera notamment les cerveaux présumés de la bande : un aristocrate et homme d’affaires septuagénaire, Henri XIII, dit Prince Reuss et descendant d’une lignée de l’État de Thuringe (est). C’est notamment dans son château de Bad Lobenstein (est) que des réunions clandestines se seraient tenues.

Également accusés : Rüdiger v. P. un ex-lieutenant colonel de la Bundeswehr, commandant d’un bataillon de parachutistes dans les années 1990 et une magistrate, Birgit Malsack-Winkemann, ancienne députée du parti d’extrême droite AfD entre 2017 et 2021.

Tous sont en détention provisoire depuis le vaste coup de filet mené dans tout le pays en décembre 2022.

Considérée comme « la plus grande affaire visant la sécurité de l’État dans l’histoire récente » de l’Allemagne, selon l’hebdomadaire Spiegel, l’enquête plonge dans « le monde bizarre et délirant » d’un groupe nourri « de mythes sur internet, de haine et de croyance dans les forces cosmiques ».

« Un mélange qui, semble-t-il, les a radicalisés de plus en plus – et leur a fait rêver d’assaut contre le Bundestag, de ‘purges’ et de cours martiales militaires », écrit l’hebdomadaire.

L’objectif du réseau « était d’éliminer par la force l’ordre public existant en Allemagne et de le remplacer par un nouveau », selon les procureurs.

« Convaincus que l’Allemagne est gouvernée par un État profond » (une entité nébuleuse qui selon les complotistes agit dans les coulisses du gouvernement) les accusés, baignés dans « de nombreux mythes conspirationnistes » rejettent « profondément les institutions et la démocratie », affirme le parquet.

Les membres du réseau étaient notamment influencés par l’idéologie des « Reichsburger » (NDLR : citoyens du Reich), une mouvance hétéroclite qui rejette la légitimité de la République fédérale d’Allemagne.

Ombre de Moscou

L’ombre de Moscou plane également sur le complot. La compagne présumée de Henri XIII, une ressortissante russe nommée « Vitalia B. » est en effet suspectée d’avoir « mis en contact l’aristocrate avec le consulat général de Russie à Leipzig et l’y a accompagné en juin 2022 ».

Henri XIII cherchait à s’assurer le soutien des autorités russes, même si au moment du démantèlement de la cellule le Kremlin avait démenti toute « ingérence russe ».

Le réseau s’était donné les moyens de ses ambitions, avec « environ 500 000 euros » à disposition, ainsi qu’un « arsenal d’environ 380 armes à feu, de près de 350 armes blanches ainsi que 500 autres armes et au moins 148 000 munitions », selon les enquêteurs.

Ils avaient également acheté une variété d’autres équipements militaires, y compris des casques balistiques, des gilets pare-balles, des appareils de vision nocturne et des menottes.

« Il était clair pour les membres (NDLR : du groupuscule) que la prise de pouvoir en préparation impliquerait la mort de personnes », ont constaté les enquêteurs. Le groupuscule avait même constitué un gouvernement fantôme, attribuant différentes attributions à chacun, comme « militaire », « intérieur », « santé, « affaires étrangères » et « justice ».

Les autorités allemandes ont classé ces dernières années la violence d’extrême droite au premier rang des menaces à l’ordre public, avant le risque jihadiste.

Plusieurs réseaux ont été démantelés depuis deux ans, dont l’un planifiait l’enlèvement du ministre de la Santé, à l’origine des mesures de restriction anti-covid.

Un commentaire

  1. Mdr.
    Un prince Reuss disposant de 350 armes blanches voulait faire un coup d Etat avec quelques copains.
    Vu qu il avait une maitresse russe et peut etre aussi une Lada l ombre de poutine plane dessus😀🙈
    Ah j oublie les 500.000 euros…pas beaucoup pour un aristo qui a du mal gerer sa fortune