De nombreux scénarios se profilent au lendemain de la reconduction du Premier Ministre portugais Pedro Passos Coelho.
Au lendemain de la reconduction du Premier ministre portugais de centre droit Pedro Passos Coelho, vainqueur des élections législatives mais dont le gouvernement minoritaire est menacé par une alliance de la gauche inédite, plusieurs scénarios se profilent. Le moment clé interviendra lors du vote du programme de gouvernement, que la coalition devra présenter au Parlement au plus tard dix jours après son entrée en fonctions.
Comme l’avaient déjà fait le Parti communiste et le Bloc de gauche, formation apparentée au Syriza au pouvoir en Grèce, le Parti socialiste (PS) a annoncé vendredi qu’il soumettrait une motion rejetant un programme de gouvernement qui maintiendrait l’essentiel de la politique d’austérité budgétaire mise en œuvre depuis 2011.
Une chute du gouvernement ?
Si une telle motion était adoptée par l’ensemble de la gauche, qui compte 122 sièges sur 230, contre 107 pour la coalition de droite, cela provoquerait automatiquement la chute du gouvernement. Mais les négociations entre le PS et les formations de la gauche antilibérale n’ont toujours pas abouti à un accord formel, et il n’est pas exclu qu’une partie des élus socialistes brise la discipline de vote même si cette alliance venait à être scellée.
Si aucune motion rejetant le programme de gouvernement n’était finalement adoptée, l’exécutif minoritaire de droite aura de toute façon beaucoup de mal à faire adopter un budget de l’Etat pour 2016, alors que la situation financière du Portugal reste très fragile.
Un blocage de la gauche ?
Si la gauche parvient effectivement à faire tomber le gouvernement, la balle reviendrait alors dans le camp du président de la République, le conservateur Anibal Cavaco Silva. Le chef de l’Etat peut alors désigner le chef du Parti socialiste au poste de Premier ministre, mais il s’est d’ores et déjà montré très critique envers un éventuel gouvernement soutenu par des partis d’extrême gauche, qui contestent les règles budgétaires européennes ou l’appartenance du Portugal à l’Otan.
Le président peut donc refuser d’ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement d’union de la gauche, que le pays n’a jamais connu en 40 ans de démocratie, et décider de maintenir M. Passos Coelho à la tête d’un gouvernement de gestion des affaires courantes, dont les pouvoirs seraient limités, notamment en matière budgétaire.
Cette impasse pourrait ainsi se maintenir jusqu’à l’été 2016 car, selon la Constitution portugaise, un Parlement nouvellement élu ne peut être dissout que six mois après son entrée en fonctions, un délai qui commence à courir vendredi.
AFP