La coopération étroite entre les différents ministres du gouvernement CSV-DP est-elle un leurre? Au bout de près de quatre mois de règne, on peut, en effet, se demander si les membres de l’équipe emmenée par Luc Frieden s’harmonisent vraiment aussi bien que l’a souhaité, ou plutôt ordonné, le Premier ministre en tout début de mandat. En tout cas, la liste des errements ne cesse de s’allonger.
Dernier exemple en date, la sortie du «CEO» en personne, jeudi, en marge du sommet européen. Le Premier ministre a semé le doute sur la position du Luxembourg concernant l’énergie nucléaire. Luc Frieden s’est ainsi dit «ouvert à la technologie». Bien que le Luxembourg ne compte pas construire de centrale nucléaire, «vu la taille du pays», «nous ne disons pas aux autres comment abandonner les combustibles fossiles», a-t-il ajouté (lire également ci-dessus).
Le hic est que quasiment au même moment, à quelque 230 km de Bruxelles, le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes (également CSV), a affirmé devant les membres du Mouvement écologique que le Grand-Duché resterait fermement opposé à l’énergie nucléaire. Le Premier ministre s’est vu forcé, vendredi, de préciser avoir eu le matin même un entretien téléphonique avec son ministre, qui lui aurait confirmé son plein soutien pour la position qu’il a communiquée.
La pression a cependant encore augmenté d’un cran sur le Premier ministre. Car, même s’ils continuent à cibler encore et toujours les seuls verts pour avoir mené une politique environnementale empreinte d’«idéologie», Luc Frieden et son CSV voient cette fois leur partenaire de coalition DP monter également au front. Les députées libérales Corinne Cahen et Barbara Agostino n’ont pas tardé à remettre en cause le soutien apporté par le CSV à l’énergie nucléaire de nouvelle génération, déjà qualifiée de trop peu efficiente, mais qui est prisée par les partis de centre droit pour éviter de devoir imposer un virage énergétique trop «idéologique» à leurs électeurs.
Après la saga «Mendicité», avec un ministre Léon Gloden de plus en plus isolé, cette sortie du Premier ministre en personne pourrait mener pour de bon à une première crise interne du nouvel exécutif.