Alors que Serge Wilmes vient de signer un arrêté autorisant les travaux du contournement de Bascharage, les associations contre le projet montent au créneau et exigent une suspension du permis de construire.
Le compte à rebours avant le début des travaux pour la route de contournement de Bascharage semble enfin lancé. Dans un communiqué publié vendredi 15 mars, le gouvernement a annoncé que Serges Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, avait signé l’arrêté portant autorisation du projet repoussé, revu et suspendu depuis son vote en 2018. Un arrêté qui «fixe notamment les conditions d’aménagement et d’exploitation ayant trait à l’environnement humain et naturel, ainsi que les mesures de compensation et d’atténuation requises».
Le communiqué précise aussi que deux enquêtes publiques seront menées sur deux projets de zones protégées en lien avec le futur contournement : le projet de désignation de la zone Natura 2000 «Sanem – Groussebësch/Schouweiler – Bitschenheck» et le projet portant désignation de la zone humide «Dreckwiss».
Un fonctionnement qui provoque la colère de l’initiative citoyenne de Sanem BIGS, du mouvement écologique Régionale Sud et de natur&ëmwelt, tous trois signataires d’un communiqué affirmant que «le contournement de Bascharage est contraire à la loi et doit être stoppé!».
Interroger avant de défricher
Pour les trois associations qui font front contre le projet et son impact sur la zone Natura 2000, la réalisation d’enquêtes après la signature autorisant le projet démontre que «les services du gouvernement en charge de la protection de la nature ne se soucient pas de l’avis de la population et qu’il s’agit maintenant d’imposer de force un projet contesté depuis des années». À leurs yeux, hors de question d’entamer le défrichement des massifs forestiers de Bobësch et de Zämerbësch, qui seront coupés par la route, avant l’enquête publique. Même chose pour la zone nationale de protection de la nature Dreckwiss.
Malgré l’accord de Serges Wilmes, BIGS ASBL, Régionale Sud et natur&ëmwelt n’en démordent pas, car le projet reste, à leurs yeux, une atteinte à l’environnement. Le projet actuel traverse les deux massifs forestiers de Bobësch et de Zämerbësch et «y détruit au total autant de chênaies-charmaies précieuses que dans le projet initial de 2016», regrettent les associations. Une délocalisation de l’entreprise Saint-Gobain est aussi nécessaire afin d’optimiser le tracé et de réduire la coupe dans les forêts, mais à ce jour, aucun accord n’a été annoncé par le gouvernement. Sans l’accord, «la surface totale détruite serait encore plus importante dans la zone prévue pour Natura 2000».
Un statut Natura 2000 à faire valoir
L’absence d’une nouvelle étude d’impact européenne est aussi pointée du doigt dans le communiqué : «L’étude de 2016, sur laquelle se basait initialement le projet, n’avait pas encore pris en compte les dégâts sur le « Bobësch » en tant que zone Natura 2000!». Les associations expliquent donc avoir alerté la Commission européenne sur cette nouvelle situation, après avoir reçu une communication du gouvernement à Bruxelles sur la base de la directive européenne «Habitats». «Tous les habitats et espèces animales à protéger, dont la protection doit encore être étendue, se trouvent entre-temps dans un état non satisfaisant et doivent être restaurés.»
En présentant leurs arguments, les cosignataires exigent que «la publication du permis de construire du contournement (et donc le délai de recours devant le tribunal administratif) soit suspendue» jusqu’à ce que les enquêtes publiques aient été menées à terme. Ce point est d’autant plus important que «le dépassement (qui n’existe plus) des valeurs de pollution de l’air à Bascharage», avancé par les pouvoirs publics, soustrait «la raison impérative d’intérêt public majeur». À cela s’ajoute aussi le statut du Bobësch qui, en tant que zone Natura 2000, «doit d’ores et déjà être protégé des travaux du contournement selon la jurisprudence européenne».