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Soleil Noir : la quête mystique


Entre spleen et lumière radieuse, Soleil Noir a alterné les humeurs durant une bonne heure et demie. (Photo DR/Kevin Muhlen)

Mercredi soir, à l’Opderschmelz de Dudelange, Soleil Noir a hypnotisé son auditoire.

Soleil Noir aurait pu venir de ces terres nordiques sauvages, brutes et naturelles, qui ont fait du post-rock instrumental l’un de leurs meilleurs ambassadeurs. On songe bien sûr à l’Écosse (Mogwai) ou l’Islande (Sigur Rós), deux représentants majeurs d’un rock qui combinent puissance et égarement, rudesse et lâcher-prise. Sorte de plume lestée par le plomb. C’est pourtant au Luxembourg que le trio traîne sa langueur, invoquant les fantômes de Beaudelaire et de Nerval, la mélancolie en guise d’étendard et les guitares stridentes comme bras armés.

Des guerriers de l’ombre menés par le vaillant Kevin Muhlen, le même qui officie au Casino. Son art, ici, tient à jouer avec une kyrielle de pédales d’effets (une quinzaine !) et à étirer la note jusqu’à ce qu’elle casse ou ne disparaisse derrière les assauts répétés de ses deux compagnons, Petrit Jung et Chris «Maia» Badge.

Mercredi soir, à l’Opderschmelz, ce noir cerbère était accompagné d’une nouvelle tête, Nataša Gehl (accordéon, synthétiseur), afin de donner plus de poids à son nouvel album – célébré à cette occasion – The Great Dodecahedron, ensemble de six nouveaux morceaux (avec, notons-le, le concours de Jason van Gulick aux percussions).

Sur scène, donc, entre spleen et lumière radieuse, le combo, durant une bonne heure et demie, alternait les humeurs, bien que la rencontre entre la lourdeur du doom et l’épure d’un post-metal ait tendance à se tourner vers le côté obscur de la force. Ainsi, à travers de longues plages mélodiques, soutenues par des vidéos (en live) aux formes géométriques signées Mik M. aka omniscientbeing, Soleil Noir entraînait le public sur sa planète, bien loin au-dessus de nos têtes. Une profonde immersion sonore qui absorbait tout sur son passage, même les maigres tentatives de Nataša Gehl pour exister à côté du furieux combo.

Mais, avouons-le, en dehors de cette légère carence, ce voyage astral méritait bien une nuit sans étoile, semblable à un long et plaintif sol de guitare. Mineur, bien sûr.

Grégory Cimatti