En l’espace de 30 ans, le Grand-Duché s’est imposé comme un acteur fort dans l’industrie spatiale. Il doit cette réussite au succès de SES mais également à une politique spatiale innovante. Zoom sur ce secteur dynamique alors que l’exposition « European Space » est à découvrir jusqu’à ce dimanche 25 octobre sur la place Guillaume-II.
Le Luxembourg s’est lancé dans l’aventure spatiale en 1985 avec comme fusée principale la Société européenne des satellites (SES), qui, aujourd’hui, est considérée comme un acteur très important et reconnu dans le secteur très concurrentiel de l’industrie spatiale. En 2005, le Luxembourg passe une nouvelle étape en propulsant le pays dans l’Agence spatiale européenne (ESA).
Dès lors, pour participer à la volonté de diversification économique, le Luxembourg Space Cluster voit le jour, animé par Luxinnovation et le Groupement luxembourgeois de l’aéronautique et de l’espace (GLAE). Une politique spatiale est alors mise en branle par le gouvernement de l’époque (CSV-LSAP) sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (depuis, le portefeuille spatial est passé au ministère de l’Économie d’Étienne Schneider). Le Luxembourg Space Cluster, qui a dix ans cette année, pèse assez lourd sur le plan national, européen mais aussi dans notre quotidien.
Plus d’un millier d’emplois
Pour l’expliquer, Yves Elsen, le président du Luxembourg Space Cluster, fait un état des lieux du secteur spatial : « Au Luxembourg, l’industrie spatiale compte 700 employés à temps plein, 2 instituts de recherche et 23 entreprises membres du Luxembourg Space Cluster. Cela va du grand groupe coté en Bourse (SES) à la petite entreprise en passant par la start-up. Et même s’il est vrai que SES est pour beaucoup dans ces chiffres – étant donné qu’en ce qui concerne les emplois, SES compte 450 personnes – le secteur a quand même créé 250 emplois à haute valeur ajoutée, j’estime même que pour nos quinze ans, le secteur comptera plus d’un millier de postes, souligne Yves Elsen. Puis, si l’on compare l’activité de ces entreprises, en excluant SES, avec des entreprises dans les autres pays membres de l’ESA, on s’aperçoit que le secteur luxembourgeois est dans le top 5 aux côtés de la France, de l’Italie, de l’Allemagne et du Royaume-Uni .»
Un centre EarthLab Luxembourg
Dernier-né dans la galaxie luxembourgeoise d’initiatives innovantes ayant un lien étroit avec le secteur spatial, «EarthLab» va surveiller la Terre depuis le Luxembourg. L’ambition du projet mondial EarthLab (et de ses trois centres dans le monde) est de contribuer, via la télédétection et la généralisation des outils numériques, à l’émergence d’un modèle de développement associant plus finement les paramètres économiques, humains et environnementaux, le tout en s’appuyant sur les différents moyens d’observation de la Terre (satellites, avions, drones, ULM…), et de proposer une gestion sur mesure des activités liées à l’environnement.
Luxembourg va très prochainement accueillir un centre EarthLab à la suite du partenariat entre Telespazio France, la filiale française du groupe Telespazio (Thales), e-GEOS (filiale de l’agence spatiale italienne), Post Luxembourg et l’entreprise luxembourgeoise Hitec Luxembourg SA, qui annoncent leur partenariat stratégique dans le programme EarthLab. Grâce aux données recueillies, le centre, qui emploiera une trentaine de personnes, fournira des services avancés résultant de l’analyse et du traitement spécialisé des informations dans une optique d’évaluation de risques industriels et environnementaux, à destination d’acteurs de l’industrie, de l’assurance ou des fonds d’investissement.
Le Luxembourg Space Cluster a pour mission de regrouper les acteurs du secteur spatial au Luxembourg dans le but de les aider à créer et développer des synergies et des partenariats aux niveaux national et international à travers des projets collaboratifs. Yves Elsen résume : « La mission du cluster est de renforcer le savoir-faire des différentes entreprises luxembourgeoises tournées vers le spatial. » Ce secteur d’activité contribue à hauteur de 1,83 % au PIB du pays.
Sur le plan européen, le secteur de l’aéronautique spatiale emploie 31 000 personnes. « Le succès de SES et le développement du secteur spatial luxembourgeois a, je crois, contribué à la diversification industrielle des entreprises du pays. Car la plupart des entreprises établies dans le pays et qui ont une activité spatiale sont des entreprises qui étaient déjà depuis longtemps intégrées et qui ont décidé d’ajouter le spatial à leurs activités habituelles : Gradel, Eurocomposite, Hitec ou encore le groupe Post et Telindus via le développement de l’IT .»
Dans l’avenir, le secteur spatial luxembourgeois aura pour défi de se mesurer à de grandes entreprises ayant une expérience dans l’industrie de l’espace de plus de cinquante ans comme Thales ou Airbus, le tout dans un domaine archiconcurrentiel. « D’un autre côté, ces grandes entreprises connaissent la complexité de la technologie, elles savent qu’elles ont besoin d’entreprises qui travaillent dans des niches technologiques, c’est-à-dire qui fournissent des produits ou des services très spécifiques à leurs besoins et c’est là que l’on peut et que l’on doit faire preuve de synergie », conclut Yves Elsen.
Jeremy Zabatta
« European Space Expo » jusqu’à dimanche au Knuedler
Depuis samedi 17 octobre et jusqu’à ce dimanche 25 octobre, une structure sphérique a pris place au Knuedler (place Guillaume-II), à Luxembourg. Dans cette demi-sphère, l’exposition «European Space Expo» (qui a déjà accueilli plus de 800 000 visiteurs en Europe) propose de découvrir l’utilité des projets spatiaux et les utilisations des données liées à ces projets dans notre quotidien.
À l’aide de bornes interactives et de conférences, il est possible de découvrir des projets comme Galileo, le système mondial de navigation par satellite de l’Europe, qui a pour but d’offrir à terme des services indépendants de positionnement, de navigation et de datation. Autre projet phare de l’Europe, Egnos, première initiative européenne dans le domaine de la navigation par satellite, améliorant la précision GPS sur le Vieux Continent.
Enfin, le projet Copernicus, visant à créer une capacité autonome de surveillance de la Terre, afin d’assurer le bien-être et la sécurité des citoyens. Autrement dit, l’exposition met en lumière les applications concrètes des satellites qui gravitent autour de la planète. Ainsi, les données permettent de surveiller les changements climatiques, de réguler le trafic aérien, routier ou encore maritime, d’aider les agriculteurs et les pêcheurs à optimiser les récoltes, d’aider les services de secours lors de catastrophes naturelles, ou encore tout simplement de transmettre des données météorologiques et notre chaîne de télévision préférée.
Cette exposition gratuite et accessible même aux plus jeunes a le mérite de permettre au public de dépasser la complexité du secteur spatial.