Les pays de l’UE auraient-ils enfin entendu le réveil sonner ? «La stratégie consistant à fournir de l’aide au compte-gouttes ne fonctionne plus», a déclaré vendredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba. «Si les choses continuent comme elles le font actuellement, cela ne va pas bien se terminer pour nous tous», a-t-il ajouté.
Courant février, on a pu avoir l’impression qu’un tournant s’annonçait. Car, après l’échec retentissant de l’UE à fournir un million d’obus à Kiev, la fausse fierté de vouloir donner la priorité à l’industrie d’armement européenne pour remplir les stocks ukrainiens semblait enfin faire place à de nouvelles initiatives. La République tchèque a ainsi lancé la récolte d’environ 1,5 milliard d’euros afin d’acheter, à très court terme, et dans des pays tiers, 800 000 obus. La belle promesse est en train de se transformer en nouveau camouflet, car jusqu’à présent la manne financière mobilisée suffit pour acquérir à peine 300 000 obus. Le fait que les (petits) Pays-Bas soutiennent l’initiative avec 100 millions d’euros, soit autant que des grandes nations comme la France et l’Allemagne, a de quoi interpeller.
L’enveloppe du Luxembourg, qui a tardé à officialiser son soutien, n’est pas encore connue. La Défense luxembourgeoise n’a cependant pas attendu l’initiative tchèque pour acquérir, également en dehors de l’UE, des armements pour l’Ukraine. Cette démarche avait même valu au Grand-Duché un long article dans le prestigieux New York Times. Au moins 6 000 obus et 4 000 mitrailleuses seront encore livrés cette année.
«Est-ce que nous voulons seulement que l’Ukraine survive ou que la Russie encaisse une cinglante défaite ? Il faut enfin trancher cette question», soulignait récemment Carlo Masala, professeur à l’université de la Bundeswehr allemande. Or cette question n’est visiblement pas encore tranchée, y compris au Luxembourg. Car, en dépit de l’important soutien grand-ducal, l’enveloppe pour l’appui militaire à Kiev a été revue à la baisse par le nouveau gouvernement, passant de 80 millions d’euros en 2023 à 69,5 millions d’euros pour 2024.
Le réveil de l’UE, arborant dans son drapeau, tout comme l’Ukraine, le bleu et le jaune, s’est donc à nouveau éloigné. Vladimir Poutine s’en frotte les mains…
Il est facile de toujours demander plus, mais quand on ne sait plus où sont passés les 16 milliards versés par les pays européens, on fait amende honorable et on cherche qui s’est enrichi avec l’argent détourné.