APRÈS LES CHAMPIONNATS DU MONDE À GLASGOW Retour sur une édition qui restera forcément ancrée dans les mémoires.
Van der Weken, une perf historique
Elle était très attendue et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a relevé le défi. Arrivée à Glasgow avec le huitième chrono mondial et la septième meilleure perf des engagées, l’Ettelbruckoise avait annoncé la couleur : «Je vise la finale».
Sur le papier, c’était possible, mais encore fallait-il le faire. Et elle l’a fait. Comme prévu, la série n’a été qu’une formalité, avec une ligne droite avalée en 7″12, à seulement trois centièmes de son record national. Après quelques heures d’attente, elle a enchaîné avec la demi-finale en début de soirée.
Avec une troisième place, à seulement un centième de la deuxième, directement qualificative, de la Belge Rani Rosius (7″12 contre 7″13), elle devait donc s’installer sur le «hot seat» réservé aux deux repêchées au temps : «C’est dommage. Je pensais en voyant son échauffement avant la demie que ce serait vraiment bon. Mais elle a raté sa seconde partie de course. Du coup, elle se retrouve à devoir patienter. Et là, forcément, elle a beaucoup d’énergie et d’influx», regrette son entraîneur Arnaud Starck. Mais c’est finalement passé pour la finale.
Pour cette troisième course en une journée, une première pour elle, elle ne pourra éviter la septième et dernière place (NDLR : qui est, il faut le souligner, le meilleur résultat de l’histoire pour un Luxembourgeois dans la compétition), avec un chrono encore une fois un tout petit peu moins bon que lors de ses deux premières sorties de ce samedi (7″15) :
«Normalement, on est supposé monter en régime au fil des tours, mais là ce ne fut pas le cas», note le technicien. Qui sait qu’il y a encore une belle marge de progression : «On voit qu’il y a des points à travailler et heureusement. Elle sera plus à l’aise sur 100 m.»
Mais il tient à retenir le positif : «Il faut quand même réaliser qu’elle était en finale. Personne ne se souviendra si elle a terminé sixième ou septième. Mais la finale, ça restera pour toujours. Et on parle de sprint, de l’épreuve reine, celle qui est toujours programmée en fin de session.»
Place maintenant à un peu de repos. Mais rapidement, la sprinteuse luxembourgeoise va retourner à l’entraînement. En effet, les échéances arrivent très vite avec les championnats d’Europe de Rome et, bien sûr, les JO de Paris, cet été. Quand on sait qu’elle est normalement plus forte sur 100 m que sur 60, ça promet pour la suite!
Bertemes, des adieux ratés
Malheureusement, les championnats du monde ne sourient pas à Bob Bertemes, qui a déjà démontré à de multiples reprises qu’il savait être complètement détendu quand il lançait à domicile, alors qu’il avait tendance à céder sous la pression lors des très grands rendez-vous.
Vendredi, le colosse de Mannheim, qui arrivait avec la cinquième meilleure performance de l’année au poids (21,71 m au CMCM), devait terminer parmi les huit meilleurs à l’issue des trois premiers essais pour avoir une chance de lancer trois fois de plus.
Mais ça ne s’est pas passé comme il l’espérait. Il démarre avec un très mauvais jet à 19,74 m avant de rectifier un tout petit peu le tir au deuxième essai en envoyant son poids à 20,30 m, encore très loin de son pire résultat de la saison (20,62 m à Nordhausen).
Pour se hisser en finale, il devait dépasser 20,73 m, soit la performance du Croate Filip Mihaljevic. Dernier à se présenter dans le cercle, il tourne sur lui-même rapidement, son poids semble dépasser les 20,73 m fatidiques… mais l’essai ne sera pas validé.
Emporté par son élan, il n’a pas évité la sortie de route. Et termine ses tout derniers mondiaux indoor en carrière avec un goût amer : «C’est frustrant. Pour aller en finale, il ne fallait pas réaliser quelque chose d’impossible. C’était vraiment faisable. Mais je mets trop de force et je suis emporté vers l’avant. Maintenant, il faut analyser ce qui s’est passé. Et vite se projeter sur la saison estivale.»
Comme chaque année, celle-ci démarre dès la semaine prochaine avec le European Throwing Cup à Leiria, au Portugal, où Bob Bertemes brille souvent.
Grailet, avec les moyens du bord
Il y a deux ans, François Grailet était dans la meilleure forme de sa vie. Mais il avait malheureusement échoué pour un centième à valider son billet pour les Mondiaux de Belgrade. Cette année, il était beaucoup moins en forme, très loin d’une qualification au temps.
Et pourtant, alors qu’il faisait une pause à l’issue d’une saison indoor qu’il pensait terminée par les championnats nationaux, il a eu la bonne surprise d’apprendre qu’il était repêché pour ses tout premiers grands championnats.
Forcément, avec une préparation amoindrie et pas dans une phase spécialement très positive, le médecin n’attendait pas grand-chose de cette grande première : «Je vais essayer de terminer le moins loin possible des premiers».
Aligné dans la première série du 60 m haies samedi, celle d’un certain Grant Holloway, invaincu depuis dix ans et intouchable encore une fois à Glasgow (vainqueur en finale en 7″27), le Luxembourgeois a fait ce qu’il a pu avec les moyens du bord.
Des moyens encore diminués par un rhume – il avait vraiment besoin de cela. «Je n’ai pas dormi pendant deux nuits avant la course», confiait-il. Et forcément, le résultat n’est, comme prévu, pas bon. Il termine cinquième de sa série en 8″10 après avoir heurté la deuxième haie :
«Un des pires chronos de ces deux dernières années.» Et avec une pointe de regret : «Pour passer en demi-finale, il fallait courir en 7″80. Si j’avais été dans la même forme qu’il y a deux ans, ça aurait été possible. C’est un peu frustrant», reconnaissait-il.
Malgré tout, il gardera un bon souvenir de cette grande première : «Au moment d’entrer dans le stade, j’ai senti comme une petite boule au ventre. Mais ça reste une incroyable expérience. Ça me fait un super souvenir et je pourrai dire que j’ai couru aux championnats du monde dans la même série que Grant Holloway!»
Et d’ajouter : «C’était chouette d’être aux premières loges». Il va désormais rapidement se tourner vers la saison estivale. Avec la ferme intention d’aller chercher une qualification pour les championnats d’Europe de Rome. Et, il veut y croire en tout cas, de composter un billet olympique.
Hoffmann, à l’image de sa saison
Contrairement à l’an passé où elle volait littéralement sur la piste, l’hiver de Vera Hoffmann a été beaucoup moins bon. Et ses premiers championnats du monde ont été un peu au diapason.
Après être tombée malade après une première course frustrante au Kazakhstan, la mileuse luxembourgeoise n’avait pas pu s’exprimer à sa juste valeur tant à Miramas qu’à Lyon. Elle avait malgré tout repris un peu de confiance aux championnats nationaux, avec notamment un superbe 800 m.
Mais vendredi, si elle n’avait rien à se reprocher, elle est tout simplement tombée sur plus forte qu’elle. Et avec seulement trois billets directs pour la finale et aucune place au temps, la donne était simple : c’était top 3 ou terminé.
Arrivée avec l’ambition de passer en finale, histoire d’avoir plus de visibilité et la possibilité de s’aligner au départ de courses prestigieuses, elle a vu son parcours s’arrêter dès les séries.
Elle terminera tout de même sur une bonne note en réussissant une très bonne fin de course qui lui permettra de venir prendre la 4e place du 1 500 m en 4’15″52 (19e de ces Mondiaux), qui sera malgré tout son record de l’hiver :
« Je suis quand même satisfaite. Je fais une fin de course très rapide, mais le début était trop lent. Je bats des filles très fortes. Je termine quatrième, mais ça n’est pas assez pour aller en finale.» Elle va désormais se concentrer sur la qualification pour Rome et Paris, deux rendez-vous pour lesquels elle est actuellement virtuellement qualifiée.