On ne peut pas vraiment donner tort à Dan Biancalana, le député-maire de Dudelange. En comparaison avec l’important dispositif policier déployé depuis la mi-janvier dans la capitale, le bilan est «bien maigre». Seuls deux procès-verbaux ont été dressés pour mendicité, dont l’autodénonciation pour mendicité… simple de Christian Kmiotek, l’ancien président de déi gréng. S’y ajoutent à peine 11 délits liés au trafic de stupéfiants. En tête arrivent les 75 infractions au… code de la route.
Ces chiffres dévoilés mardi sont-ils un bon ou un mauvais signe? Les interprétations divergent forcément. Lydie Polfer (DP) ne cache pas sa satisfaction lorsqu’elle clame que, dans les rues de la capitale, la situation en matière de sécurité s’est «nettement améliorée». Le ministre de tutelle de la police accepte volontiers les fleurs jetées par la députée-maire de Luxembourg.
Cette «histoire d’amour» est questionnée par les partis de l’opposition. Au-delà de la question de la légalité de cette mesure répressive, ils dénoncent l’amalgame fait par CSV et DP entre mendicité simple et mendicité agressive, mais aussi entre les personnes qui font la manche et les sans-abri, accusés de tapage nocturne, d’un manque d’hygiène ou encore de bloquer les accès aux bâtiments. Mais, au risque de se répéter, les problèmes liés à la tranquillité et la salubrité publiques nécessitent-ils vraiment un règlement de police ambigu? La réponse est non, au vu de l’arsenal répressif déjà en place pour remettre de l’ordre, y compris le «Platzverweis light», de loin pas assez restrictif aux yeux du ministre Léon Gloden. Pourtant, les faits sont là : à 61 reprises, les agents ont, «sans usage de la force», réussi à faire dégager des individus campant devant l’entrée d’un immeuble.
Au vu de tous ces constats, la mobilisation de 176 patrouilles à travers tout le pays pour sévir, à tour de rôle, en Ville, est-elle vraiment justifiée? La réponse est claire pour le ministre Gloden, qui compte maintenir le dispositif jusqu’à nouvel ordre. Ce qui est sans doute avisé, car jubiler – en plein hiver – parce que les mendiants, prétendument agressifs, et autres SDF ont disparu de la rue est trop simpliste. Comme l’est la triste saga de la chasse aux mendiants menée par le CSV et le DP.
Comme le démontre clairement le débat « niveau poubelle » d’Apart TV, tout ça se résume en quelques mots: du populisme droitiste qui n’a in fine comme unique but que de criminaliser les SDFs non luxembourgeois!