Treize élèves du Nordstad-Lycée ont écrit et mis en scène une pièce de théâtre au cours d’un projet participatif organisé par les Rotondes, où ils jouent ce week-end.
Pour la classe de 5ePF2 du Nordstad-Lycée, le jour J, celui où ils brûleront les planches, c’est aujourd’hui. Ce vendredi 1ᵉʳ mars, devant 80 personnes aux Rotondes, les 13 lycéens vont jouer Au fil de l’illusion, une pièce de théâtre qu’ils ont conçue eux-mêmes.
Comme des professionnels, ils vont même monter sur scène à deux reprises : ce matin pour des scolaires et le soir pour une séance ouverte au public et qui affiche quasi complet. Une seconde séance publique aura lieu demain et les scolaires seront de nouveau servis lundi. Une vie de comédiens rendue possible, le temps d’un week-end, par le Projet V.I.P. des Rotondes.
Pour la troisième édition de suite, le centre culturel, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, a offert à une classe la possibilité d’écrire, mettre en scène et jouer son propre spectacle.
«Ce qui est chouette, c’est qu’il s’agit de tout un processus qu’on commence en début d’année scolaire. On voit leur évolution, on les voit venir avec leurs idées et s’approprier leur spectacle», se réjouit Amandine Moutier, metteuse en scène et coordinatrice du projet depuis les débuts et qui a sélectionné la candidature de la classe de 5ePF2.
Dès le début de l’année scolaire, Abdullah, Ali, Hadisa, Tania, Enzo, Surafel, Inès, Christian, Michel, Noradeen, Yahya, Dalya et Geni se sont ainsi plongés dans le monde du théâtre, qu’aucun n’avait connu auparavant. «C’est la première fois», répondent en chœur Inès, Surafel et Dalya.
La caverne de Platon
«Au début, je n’étais pas trop pour, comme j’étais nouvelle et que je ne connaissais personne», confie Inès, qui, au vu des filages, semble avoir largement trouvé ses marques. Dalya, elle, «avait un peu peur, comme c’est nouveau», mais «nos professeurs nous ont poussés et on s’est motivés entre nous», explique Surafel.
Une fois la machine lancée, les treize lycéens ont commencé à discuter d’un sujet autour du thème «ombre et lumière», commun à tous les projets participatifs de la saison des Rotondes. «D’abord, on a fait du brainstorming, puis des improvisations de mouvements et il y a eu souvent le geste de fermer les yeux, ce qui nous a fait penser au mythe de la caverne de Platon», retrace Amandine Moutier.
L’allégorie du philosophe grec a alors été proposée aux élèves afin de parler de la réalité, dont on ne voit qu’une projection illusoire. Ces derniers y ont ajouté des thèmes comme le mensonge et l’amour, car «on essaye de s’adapter à eux, de les mettre en valeur. C’est du sur-mesure».
L’un des autres messages de la pièce est que «la vie n’est pas si facile et que l’amour peut blesser», résume Inès. Malgré leur jeune âge, les lycéens ont apporté leur vécu dans l’écriture. Deux d’entre eux se sont enregistrés pendant qu’ils racontaient un mensonge subi et cet enregistrement est repris dans la pièce lors d’un passage audio.
Le mélange de l’illusion de la réalité avec le mensonge et le thème de l’amour ont finalement donné naissance à une pièce qui raconte «l’histoire de personnages de dessin animé qui se rendent compte qu’ils ne vivent pas dans la vraie vie». Leurs voix sont en réalité doublées par un studio d’enregistrement qui commet des erreurs, révélant ainsi la fausseté de leur monde aux personnages.
La pression du public
Durant ces deux dernières semaines, les répétitions ont eu lieu aux Rotondes pour la dernière ligne droite et quelques visiteurs ont parfois assisté aux filages. De quoi avoir un aperçu d’une représentation devant un public, qui sera très majoritairement composé de leurs familles et de leurs amis.
Ce qui ne sera une tâche facile pour aucun des lycéens. «On stresse parce qu’il y a beaucoup de monde et il faudra rester concentré», avoue Surafel. Avant de se lancer dans 50 minutes de scène, des séances de méditation et de respiration auront lieu pour évacuer la pression.
Pour Dalya, sa séquence de chant lui a valu, à elle aussi, une certaine appréhension. Elle qui ne chantait «qu’à la maison» a appris à élever la voix au fil des mois. «On n’a commencé que toutes les deux, puis avec un micro et ensuite devant les autres», raconte la coordinatrice du projet. Quant à Surafel, qui s’illustre au beatbox pendant le spectacle, un professionnel lui a délivré des techniques.
Pour les chorégraphies, les lycéens ont bénéficié du savoir-faire de Claudia Urhausen, danseuse et chorégraphe. La styliste et modéliste Natercia Rebelo a confectionné les costumes, tandis que Sara Badia a réalisé le maquillage et les coiffures. «Au départ, c’était bizarre avec les costumes et le maquillage. On ne s’était jamais vus comme ça, donc tout le monde se moquait de tout le monde», se rappelle Inès.
Sur scène, le sérieux reste de mise, même si l’improvisation est encouragée, notamment en cas de trou de mémoire. Chose qu’on pardonnera aisément à des comédiens amateurs plongés dans le grand bain de la scène le temps de quatre représentations.
Pris au jeu, Inès, Dalya ou encore Surafel seraient prêts à continuer la pratique du théâtre une fois le projet terminé. «Chaque année, on a un ou deux élèves du Projet V.I.P. qui continuent en extrascolaire», se félicite Amandine Moutier.
Billets sur rotondes.lu ou par téléphone au 2662 2030. Séances publiques ce vendredi soir et demain, samedi 2 mars, à 19 h.