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L’ONU s’alarme d’une famine « presque inévitable » à Gaza


Aucun convoi n'a pu se rendre dans le nord de Gaza depuis le 23 janvier, selon l'ONU, qui dénonce les entraves des autorités israéliennes. (Photo : afp)

L’ONU s’est alarmée mardi d’une « famine généralisée presque inévitable » dans la bande de Gaza, particulièrement dans le nord du territoire palestinien assiégé par Israël et où, sans accès humanitaire et avec un système agricole dévasté, elle est « imminente ».

« Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza », a déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM). Aucun convoi n’a pu se rendre dans le nord de Gaza depuis le 23 janvier, selon l’ONU, qui dénonce les entraves des autorités israéliennes.

Et le nord du territoire palestinien n’est pas la seule zone à risque après bientôt cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas, guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre qui a entrainé la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

« Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable », a renchéri Ramesh Rajasingham, au nom du chef du bureau humanitaire de l’ONU (OCHA) Martin Griffiths.

« Nous sommes fin février, avec au moins 576.000 personnes à Gaza –un quart de la population– à un pas de la famine », et pratiquement la totalité des 2,2 millions d’habitants « dépendant d’une aide humanitaire terriblement inadéquate pour survivre », a-t-il ajouté. « Aussi sinistre que soit le tableau aujourd’hui, il peut encore se détériorer ».

Cette réunion faisait suite à une note adressée le 22 février au Conseil de sécurité par Martin Griffiths, détaillant les impacts sur la sécurité alimentaire de l’offensive israélienne qui a fait près de 30.000 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans ce texte, vu par l’AFP mardi, il appelle le Conseil à agir pour « assurer le respect du droit humanitaire, y compris l’interdiction d’utiliser le fait d’affamer la population civile comme méthode de guerre », insiste-t-il.

« Selon le scénario le plus probable, la production agricole se sera écroulée dans le nord d’ici mai », a souligné mardi devant le Conseil Maurizio Martina, directeur général adjoint de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Au 15 février, 46,2% des terres agricoles avaient été endommagées dans la bande de Gaza, des bâtiments agricoles « dévastés », plus d’un quart des puits détruits, quelque 70% des vaches et 50% des petits ruminants tués, a-t-il noté. Et 97% des eaux souterraines ne sont plus utilisables pour la consommation humaine.

L’aide humanitaire continue d’entrer dans le territoire palestinien mais au compte-goutte. Lundi, le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini a ainsi noté sur X que février avait vu une baisse de 50% de l’aide entrant à Gaza par rapport à janvier.

Pourtant, « près de 1.000 camions chargés de 15.000 tonnes de nourriture sont en Egypte, prêts à bouger », a noté mardi le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric. « Ce n’est pas Israël qui bloque ces camions », a répondu devant le Conseil de sécurité l’ambassadeur israélien adjoint Jonathan Miller, rejetant la « faute » sur l’ONU et son incapacité à organiser cette aide « efficacement ».

« Il n’y a absolument aucune limite (…) au volume d’aide humanitaire qui peut être apportée à la population civile de Gaza », a-t-il assuré, indiquant qu’Israël avait depuis début 2024 refusé 16% des demandes d’acheminement d’aide en raison de « risques » que certaines marchandises « finissent entre les mains » du Hamas.

Le secrétaire général et les agences humanitaires de l’ONU réclament depuis le début de la guerre un cessez-le-feu immédiat, notamment pour permettre l’acheminement adéquat de l’aide humanitaire.