Accueil | Editoriaux | Les deux rebelles du CSV 

Les deux rebelles du CSV 

C’est à une quinzaine de voix près que le Parlement européen a approuvé hier une législation visant à enrayer le déclin de la biodiversité. Le texte impose aux 27 États membres de l’UE de réparer les écosystèmes abîmés. Au vu du résultat serré, le soutien accordé par les eurodéputées Isabel Wiseler-Lima et Martine Kemp, toutes deux issues des rangs conservateurs, a lourdement pesé. Les deux élues du CSV ont, ni plus ni moins, décidé de ne pas cautionner l’opposition farouche de leur famille politique européenne à un texte crucial.

Lundi, le PPE, le premier groupe du Parlement, avait appelé ses 176 élus à voter contre cette nouvelle obligation environnementale. Ce matin, Isabel Wiseler-Lima et Martine Kemp se trouvent certainement assez isolées à Strasbourg. Mais tant Isabel Wiseler-Lima que Martine Kemp assument leur statut de rebelles. «Le texte a été amélioré sur certains points et il est donc logique de voter en faveur du compromis négocié», dit dans le Wort celle qui a succédé, à la mi-octobre, à Christophe Hansen, qui avait encore refusé, en juillet dernier, de soutenir cette législation. Celui qui est dans la course pour devenir le prochain commissaire européen du Luxembourg n’a pas hésité à flirter, sur ce point, avec les positions populistes et extrémistes. D’ailleurs, le PPE a été rejoint hier dans son opposition par ces mêmes formations ultraconservatrices et d’extrême droite, dont chacun redoute une dangereuse percée aux élections européennes de début juin…

Il est à espérer que la rébellion des deux eurodéputées du CSV incitera, au Luxembourg, le gouvernement conservateur-libéral à mener une politique environnementale plus ambitieuse que ne le laissent entrevoir jusqu’à présent certaines déclarations, en tête celle du Premier ministre, Luc Frieden, qui ne veut pas d’une politique climatique «qui agace» les citoyens. Car, en soi, la marge de manœuvre du nouvel exécutif est réduite, en raison des engagements de lutte contre le changement climatique et s’il veut éviter de continuer à marcher sur les platebandes de partis aux stratégies pour le moins douteuses. Nier l’urgence climatique afin de récolter davantage de voix aux scrutins risque de nuire bien davantage au climat (politique) que la rébellion des eurodéputées du CSV.