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Après le choc inflationniste, une année de résilience


Les taux d’intérêt ont été multipliés par trois pour les nouveaux prêts immobiliers et par deux pour les prêts à la consommation au Luxembourg. (Photo : archives editpress)

Le Statec a dressé un bilan noir de ces deux dernières années, entre inflation record et hausse des taux. Mais 2024 permettra peut-être d’amorcer des changements positifs.

Le Statec a dressé le bilan de ces deux dernières années bien compliquées pour les pays de la zone euro dans sa dernière publication «Conjoncture flash». Et il a évoqué les perspectives pour cette année. L’institut des statistiques indique que la stagnation de l’activité s’est poursuivie sur la fin de 2023 en zone euro, même si les résultats sont assez contrastés entre les différents États membres.

Le PIB de la zone euro a continué à stagner au 4e trimestre 2023 (+0 % sur un trimestre), à l’image de la tendance déjà relevée sur les quatre précédents trimestres, selon le document. Sur l’ensemble de 2023, la zone euro enregistre au final une croissance de 0,5 % par rapport à 2022. Selon l’Institut, cette faible expansion – la moyenne historique étant proche de +1,5 % par an – résulte principalement des conséquences de l’inflation élevée et du resserrement monétaire (hausse des taux) qui ont considérablement freiné les composantes de la demande intérieure (consommation des ménages, consommation publique et dépenses d’investissement).

Dans ses dernières prévisions, la Commission européenne revoit à la baisse la croissance prévue pour la zone euro en 2024 à 0,8 % (contre 1,2 % dans ses prévisions de novembre). Ce n’est pas fameux. De plus, la Commission, ainsi que la plupart des prévisionnistes, n’attend pas de redressement conjoncturel significatif sur le premier semestre de l’année en cours, vu notamment le poids que font peser les taux d’intérêt élevés sur les capacités de financement des ménages et des entreprises.

Le reflux significatif de l’inflation en zone euro – celle-ci est repassée sous la barre des 3 % depuis octobre – constitue néanmoins un signe encourageant, puisqu’il conforte l’idée d’un assouplissement à venir de la politique monétaire. Une baisse des taux pourrait avoir lieu vers la mi-2024. Reste à savoir s’il y en aura d’autres : la situation au Moyen-Orient, du côté de l’Ukraine et en mer Rouge parasite encore les prévisions. Les nuages noirs sont toujours là. Au Grand-Duché, le Statec a abaissé à 2,2 % sa prévision d’inflation pour cette année (contre 2,5 % précédemment) et prévoit une prochaine tranche indiciaire au dernier trimestre 2024.

Entreprises : un moral qui remonte un peu

Le Statec souligne dans son analyse que la confiance des entreprises du Luxembourg s’est nettement dégradée depuis le printemps 2022 (et le début de la guerre en Ukraine) et ce mouvement a perduré sur l’ensemble du premier semestre 2023. Dans l’industrie, à l’instar de ce que l’on peut observer à l’échelle de la zone euro, le moral des entreprises tend à remonter depuis l’été dernier, bénéficiant d’opinions plus favorables sur les perspectives de production et l’état des carnets de commandes (notamment dans le domaine de la métallurgie). Les perspectives d’emploi des industriels, à défaut d’enregistrer un rebond, semblent au moins avoir cessé de se dégrader à l’entrée de 2024, souligne le Statec.

La confiance dans les services non financiers semble aussi avoir atteint un point bas en septembre dernier et se redresse légèrement depuis (entre autres pour les services de transport, les services d’information et les activités juridiques et comptables). Elle demeure cependant encore bien inférieure à sa moyenne de long terme.

Dans la construction, le moral des entrepreneurs semblait quelque peu se stabiliser depuis l’automne dernier, mais les résultats de février marquent une rechute (avec un repli au niveau des carnets de commandes et des perspectives d’emploi). La crise est là et semble toujours imprégner le secteur malgré les prises de position et les initiatives du nouveau gouvernement.

Le repli des crédits immobiliers s’est poursuivi, indique le Statec : les montants des nouveaux crédits immobiliers octroyés au Luxembourg ont encore diminué au 4e trimestre 2023 (-14 % sur un an). Les prêts pour des logements individuels (maisons ou appartements), qui constituent la majorité des nouveaux prêts immobiliers, reculent pour le 6e trimestre consécutif, selon les données de l’Institut.

Le montant de nouveaux crédits pour des logements individuels a atteint son niveau le plus faible depuis 2013, alors que les prix immobiliers sont encore bien plus élevés qu’à cette époque. En revanche, les prêts octroyés pour des immeubles résidentiels et des améliorations de logements existants repartent à la hausse au 4e trimestre (respectivement +25 % et +40 % sur un trimestre) retrouvant leur niveau d’il y a un an. Les crédits accordés aux promoteurs progressent également (+27 % sur un trimestre, +24 % sur un an).

Sur les deux dernières années, les taux d’intérêt ont été multipliés par trois pour les nouveaux prêts immobiliers et par deux pour les prêts à la consommation au Luxembourg et en zone euro. Les perspectives semblent néanmoins s’améliorer. Selon l’enquête sur la distribution du crédit bancaire au Luxembourg menée par le Statec, les sept grandes banques interrogées ont en moyenne indiqué qu’elles ont refusé moins de crédits et qu’elles ne durciraient pas davantage les critères d’octroi de crédits immobiliers au cours des prochains moins.

Elles anticipent une remontée de la demande de crédits immobiliers dès ce premier trimestre 2024 alors que celle de crédits à la consommation demeurerait inchangée, selon le Statec. De quoi relancer les investissements plus largement et tenter de lutte contre la crise du logement.