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Diffamation : le bureau Valentiny accuse le collège échevinal de Schengen


Les membres du conseil communal vont devoir s’expliquer cette semaine sur leur décision de mettre un terme à leur collaboration avec le bureau d’architectes.  (Photo : archives lq)

Les édiles de Schengen sont sommés de s’expliquer quant à la résiliation de deux contrats qui liaient leur commune au bureau d’architectes Valentiny. Ils sont accusés de diffamation.

«L’ère du bureau Valentiny hvp dans la commune de Schengen est révolu», cite Me Kohll. Les deux parties qui s’affrontent cette semaine face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg sont irréconciliables depuis une séance du conseil communal de la municipalité mosellane, le 4 mai 2023. Le bureau d’architectes accuse le collège échevinal et un membre du service technique de la commune de diffamation et de calomnie. «Leur but était de dénigrer ou de ternir au maximum la réputation du requérant», a conclu l’avocate de la partie civile. Le membre du service technique est également soupçonné de prise illégale d’intérêts.

Le collège échevinal a décidé de résilier deux contrats qui liaient la commune au bureau d’architectes lors d’une réunion du conseil communal à l’issue de laquelle le bourgmestre et ses deux échevins, Michel Gloden, Tom Weber et Jean-Claude Muller, se sont adressés aux médias présents. Le bureau d’architectes est tombé des nues en découvrant l’information. Les «reproches infondés» et «inventés de toute pièces» ne lui auraient jamais été communiqués avant cette date par le maître d’œuvre.

«Déception et désarroi»

Les deux contrats en question portaient la planification du campus scolaire et de son hall sportif à Remerschen. Le premier remontait à 2019 et le deuxième à 2022. Le collège échevinal de Schengen aurait mis tout le monde «devant le fait accompli». Aucun des témoins entendus lundi n’a été en mesure d’éclairer le tribunal sur d’éventuels «reproches concrets» formulés à l’encontre du bureau d’architectes ainsi que sur «l’identité de la personne qui a prévenu les médias». L’Ordre des architectes et ingénieurs (OAI) avait insinué que le collège échevinal aurait ainsi voulu nuire à la réputation du bureau Valentiny.

Leur collaboration avait débuté en 2019. Fin 2020, le responsable de la coordination du projet, un ingénieur auprès du service technique de la commune, a fait savoir au bureau d’architectes qu’il allait devoir travailler avec le bureau BFF architecture et urbanisme. «Monsieur Valentiny est perplexe», «mais accepte et crée un groupement», rapporte son avocate. L’architecte aurait commencé à déchanter en juin 2022. «Le projet a été morcelé» et «la réalisation du hall sportif, de la caserne CGDIS et des aménagements extérieurs» lui ont été confiés. «Ce qui ne correspondait pas à ce qui avait été initialement prévu», poursuit Me Kohll. François Valentiny a fait part «de sa déception et de son désarroi» au collège échevinal, qui finira par l’évincer complètement du projet.

«Des réponses évasives»

Parmi les raisons invoquées par le collège des bourgmestre et échevins, la divulgation d’informations jugées confidentielles sur le projet à d’anciens membres du conseil communal, des problèmes de communication, ainsi que le fait que le projet n’avançait pas comme le collège échevinal le souhaitait. «Le bureau Valentiny ne voulait pas réaliser le toit du hall sportif comme la commune l’avait demandé et le chantier prenait du retard», a avancé François Goldschmit, conseiller communal. «La collaboration sur ce projet ne fonctionnait pas, nous a dit le bourgmestre. Il n’excluait pas de collaborer avec le bureau Valentiny sur d’autres projets, mais plus sur celui-là», a noté Annette Willems-Kirsch. «Pourquoi? Je ne sais pas. Je ne fais pas partie du service technique», a répondu la conseillère Josée Funk-Kiesch.

La résiliation des deux contrats a été approuvée à huit voix contre trois. Sans, semble-t-il, que personne ne remette en question la décision du collège échevinal. Personne, sauf Pierre Hirtt, entre autres. «Je n’ai obtenu que des réponses évasives à mes questions de la part du bourgmestre lors de la discussion avant le vote», s’est souvenu le conseiller communal de l’opposition. «Je n’ai pas compris pourquoi il fallait résilier ces contrats. Surtout que nous ne les avions pas voté au départ.»

Le bureau Valentiny se voyait ainsi écarté du projet au profit de BFF. Ce qui vaut à l’ingénieur du service technique d’être soupçonné de prise illégale d’intérêts. «Il avait déjà travaillé avec ce bureau d’architectes dans ses fonctions précédentes dans une autre commune et l’a imposé», affirme Me Kohll. «BFF est sorti du chapeau comme un lapin de celui d’un magicien. Lors d’une réunion de travail, on nous a dit que BFF avait déjà construit des écoles. Cela paraissait logique qu’il intègre le projet, nous a-t-on dit», a commenté Pierre Hirtt.

Le bureau Valentiny a réclamé 50 000 euros de dommage moral et 10 000 euros d’indemnités de procédure. L’affaire reprend ce matin avec, notamment, la suite des interrogatoires de la vingtaine de témoins convoqués.