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Le duo diabolique de Novéant renvoyé aux assises


Le palais de justice de Metz (photo AFP).

Ils avaient tout prévu pour faire disparaître une Messine : un couteau, une scie et du white-spirit, au cas où. Leur proie a échappé au pire en juin 2014, à Novéant.

Dominique Galvardon va arpenter à nouveau les couloirs du palais de justice de Metz. Le sexagénaire a été condamné en correctionnelle, en septembre dernier, à trois ans de prison pour corruption de mineurs et détention de clichés pédopornographiques. En janvier prochain, il sera jugé par les assises de la Moselle. Une femme de 20 ans s’assiéra à ses côtés sur le banc. Ils sont accusés d’avoir fomenté, en 2014, un plan diabolique pour supprimer une Messine.

Chez lui, le projet homicide aurait germé depuis des années. Dominique Galvardon présente pourtant la victime comme son « premier et seul amour ». Une relation ambiguë d’où ne transpire guère de mobile.

Prostituée, la jeune femme de 32 ans ne nourrissait aucun sentiment particulier à l’égard de son aîné. De l’amitié, peut-être. Et encore… Il était surtout celui qui lui envoyait de l’argent, selon les besoins. Retiré dans le Jura, Dominique Galvardon venait lui rendre visite à Metz quatre ou cinq fois par an.

La dernière fois, il est accompagné de Marine Delcey. Une jeune femme qui se rêve un destin de mannequin; il s’est présenté comme le photographe capable de mettre sa carrière sur orbite. Plus les photos étaient dénudées ou érotiques, mieux elles étaient rémunérées. Quatre cents euros parfois.

«En fait, je suis venu te tuer»

Ils se sont attachés l’un à l’autre. Comblant un vide sentimental : il remplaçait un père absent, elle était sa fille de substitution. Sa muse aussi? On ne sait.

Le 9 juin 2014, le duo va chercher sa proie en voiture au milieu de l’après-midi. Dans le coffre, du white-spirit « pour l’endormir », une scie « pour la découper », des gants en latex et des affaires de rechange. La jeune femme dissimule un long couteau acheté spécialement. Au prétexte de ramener la plus jeune chez ses parents, il roule vers Novéant, à 20 km au sud-ouest de Metz. Et emprunte des chemins « éloigné de tout », décrit le juge d’instruction messin au cours de la procédure.

Marine Delcey est absente quand l’aîné passe à l’acte, mais des textos trahissent ses pensées. «Tu vas t’y prendre comment? Appelle-moi quand c’est bon.» Dominique Galvardon fait le tour du véhicule, couteau en main. Il ouvre la portière passager et plante l’arme dans l’abdomen de la victime, en vociférant, le regard grave «en fait, je suis venu te tuer!»

Elle n’a pas tout de suite mal. « Mais pourquoi as-tu fait ça? », lui lance-t-elle. « Dom’, on se connaît depuis longtemps. » Des mots apaisants qui trouvent un écho chez le sexagénaire. Elle parvient à le désarmer. Et à quitter les lieux à pied. Jusqu’à ce qu’elle soit prise en charge, dans un état critique, par un automobiliste, puis les secours.

Interpellés dans le Jura quelques heures plus tard, les deux auteurs présumés assument leurs gestes. « Mon client a tout reconnu dès le départ , indique M e Nastassia Wagner. Quand il a pris conscience des choses, il s’est arrêté et n’est pas allé plus loin. » Aujourd’hui, l’homme cherche à endosser l’ensemble des responsabilités. Et à protéger la plus jeune. Ils seront jugés pour tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat.

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)