Accueil | A la Une | Les syndicats veulent prolonger le bouclier énergétique

Les syndicats veulent prolonger le bouclier énergétique


L’OGBL de Nora Back (au c.) et le LCGB de Patrick Dury (2e de g.) plaident pour se remettre à table avec le gouvernement et le patronat afin d’endiguer le choc inflationniste qui s’annonce en 2025.

OGBL et LCGB vont militer, a priori avec la CGFP, pour éviter le choc inflationniste qui s’annonce en 2025 en raison de la fin prévue du plafonnement et subventionnement des prix de l’énergie.

Grâce au bouclier tarifaire, prolongé pour l’ensemble de cette année 2024, les ménages n’auront pas à craindre de choc inflationniste. Le prix du gaz est plafonné à +15 % par rapport à sa valeur de septembre 2022, le prix de l’électricité est gelé, tandis qu’un rabais de 15 centimes d’euro s’applique sur chaque litre de mazout de chauffage. Le Statec confirme le bienfait du bouclier, avec une inflation qui, selon les dernières prévisions, va se limiter à 2,2 % en cette année 2024.

«Ce bouclier était vraiment voulu par l’ensemble des acteurs de la tripartite. La mesure finalement décidée a produit ses effets. Le Luxembourg affiche aujourd’hui un des plus bas taux d’inflation de l’UE. Cela a eu un grand coût, mais les effets sont bénéfiques», résume Nora Back, la présidente de l’OGBL, interrogée hier par nos soins. «Le bon choix a été fait en renonçant à une plus grande sélectivité sociale pour ce bouclier», a confié pour sa part, à nos collègues de la radio 100,7, le président du LCGB, Patrick Dury.

Une tripartite ou un «Energiedësch»?

Le choc inflationniste tant redouté pour 2024 pointe néanmoins toujours à l’horizon, comme le confirme le Statec. Jeudi dernier, l’institut national de statistiques avait prévenu qu’en l’absence de la prolongation d’aides énergétiques, une hausse du prix du gaz et de l’électricité de respectivement 17 % et 60 % est à prévoir en 2025. Dans le pire des scénarios, des hausses de 37 % et 93 % seraient même possibles (lire ci-dessous). Des chiffres qui font sonner l’alerte dans les centrales de l’OGBL et du LCGB.

«Déjà lors de la dernière tripartite, nous avions discuté de ce qui devait être entrepris après 2024. Or, à l’époque, le gouvernement sortant ne voulait pas engager davantage la responsabilité de l’exécutif entré en fonction après les législatives d’octobre dernier. Aujourd’hui, il est clair que les trois acteurs – gouvernement, syndicats et patronat – doivent se revoir», retrace Nora Back.

La cheffe de file du syndicat indépendant plaide plutôt pour la tenue d’un «Energiedësch» que pour une tripartite nationale, «aussi pour éviter que les débats aillent au-delà de ce point précis, l’index notamment». Même si l’OGBL compte s’allier au LCGB pour obtenir gain de cause sur les prix de l’énergie, les deux camps divergent sur la forme des pourparlers à venir. «Une tripartite nous semble être nécessaire, également pour discuter d’autres questions, dont la situation économique générale», a ainsi avancé Patrick Dury hier sur la radio 100,7.

A priori, la CGFP, le troisième syndicat doté de la représentativité nationale, va être invitée à joindre OGBL et LCGB dans les tractations à venir avec le gouvernement et le patronat. Nora Back n’exclut pas de discuter des mesures d’aides socialement plus ciblées. «Par manque de temps, nous ne sommes pas parvenus lors des tripartites précédentes à s’accorder sur un modèle.

Les ministères nous ont aussi expliqué qu’il était compliqué de différencier. Les plus gros consommateurs d’énergie ne sont pas forcément les ménages les mieux lotis, car ils habitent souvent dans des maisons passives, dotées aussi de panneaux photovoltaïques», développe la présidente de l’OGBL. Une piste pourrait être de renforcer les subventions pour la rénovation énergétique aux moyens et bas revenus, «ce qui serait plus sensé d’un point de vue écologique et constituerait aussi une aide énergétique plus durable».

Le ministre Delles penche sur des solutions

Car, enchaîne Nora Back, les discussions à venir doivent aussi porter sur une stratégie de sortie du bouclier tarifaire étatique. «Sinon, le choc inflationniste, encore écarté pour 2025, va nous tomber dessus en 2026. Une proposition serait peut-être de dresser tous les trimestres un bilan du bouclier, pour voir comment mettre en place une sortie dégressive de cette mesure.»

Nos confrères de la radio 100,7 ont obtenu confirmation que le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), également en charge de l’Énergie, se penche actuellement sur une proposition concrète à soumettre dans les semaines à venir au Conseil de gouvernement. Même si l’année est encore jeune, il n’est pas question de traîner. «On ne peut pas se permettre de ne pas agir notamment en raison de la crise dans la construction. Un choc inflationniste mettrait les entreprises encore plus en péril», met en garde Nora Back, tout en soulignant l’importance, pour le secteur économique dans son ensemble, que «les consommateurs continuent de bénéficier du même pouvoir d’achat».

Jusqu’à trois index entre
juillet 2024 et juillet 2025 ?

Le programme gouvernemental stipule qu’«en cas de déclenchement de plusieurs tranches d’indexation par an, une tripartite sera convoquée (…)». Le Statec n’exclut pas, en l’absence de la prolongation du bouclier tarifaire sur l’énergie, que le gaz, l’électricité et le brent (influant sur le prix des carburants) connaîtraient des hausses de respectivement 37 %, 93 % et 2 % en 2025.

Dans ce cas de figure, des adaptations des salaires et pensions d’à chaque fois 2,5 % seraient dues au 3e trimestre 2024, suivies de deux indexations supplémentaires aux 2e et 3e trimestres 2025.

Il est à rappeler qu’en l’absence du bouclier tarifaire, sept tranches indiciaires auraient été dues entre mars 2022 et fin 2024.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.