Les dernières prévisions d’inflation du Statec, publiées jeudi dernier, viennent nous rappeler l’effet salvateur du bouclier énergétique, en vigueur depuis l’automne 2022. D’aucuns semblent prendre définitivement pour acquis le plafonnement et le subventionnement des prix de l’énergie (gaz, électricité, mazout). En réalité, il n’en est rien. Prolongée jusqu’à fin 2024 par la tripartite de début mars 2023, la levée de cette mesure étatique pourrait, avec un décalage de douze mois, provoquer le choc énergétique déjà tant redouté pour cette année.
Pour rappel : le prix du gaz actuellement payé par les ménages est plafonné à +15 % par rapport à sa valeur de septembre 2022, le prix de l’électricité est gelé, tandis qu’un rabais de 15 centimes d’euro s’applique sur chaque litre de mazout de chauffage. Le Statec souligne qu’en l’absence de ces mesures, le prix du gaz aurait flambé de 34 % en 2022, de 60 % en 2023 et de 29 % en 2024. L’électricité aurait coûté environ 65 % de plus en 2023 et 2024. L’inflation aurait explosé à 7,6 % en 2022, 6,6 % en 2023 et 3,4 % en 2024. Une des conséquences : le versement de sept index entre mars 2022 et fin 2024.
La lecture de ces chiffres confirme le sage choix des partenaires sociaux (gouvernement, syndicats, patronat) de prendre les devants. Quelle sera la réaction de la nouvelle coalition au pouvoir, appelée à prendre une décision par rapport au choc énergétique qui s’annonce ? En l’absence du bouclier tarifaire, l’inflation devrait remonter de 2,2 % – taux prévu pour 2024 – à 3,3 % en 2025. Ce seront surtout les prix de l’énergie qui doperont la spirale inflationniste. Le Statec prévoit, sur la base des prévisions actuelles, une hausse des prix du gaz et de l’électricité de respectivement 17 % et 60 %. Après l’index du 4e trimestre de cette année, une nouvelle tranche devrait tomber au 3e trimestre 2025. Le rythme souhaité par le patronat d’un seul index tous les 12 mois serait ainsi menacé. Suffisant pour convoquer une tripartite, comme cela est prévu dans l’accord de coalition ?
Même si la prudence doit rester de mise, le nouveau gouvernement a tout intérêt à se pencher dès maintenant sur un prolongement, voire une adaptation (aides plus ciblées ?), du bouclier énergétique.