Malgré les concessions de l’Union européenne, la colère des agriculteurs continue de s’étendre, avec un millier de tracteurs à Bruxelles où les dirigeants européens se retrouvent pour un sommet, et des blocages d’axes stratégiques qui se poursuivent pour la quatrième journée consécutive en France.
« Mille tracteurs ou engins agricoles » bloquent plusieurs rues de la capitale belge, siège des institutions européennes, a déclaré jeudi à l’AFP un porte-parole de la police, précisant que les manifestants provenaient essentiellement de Belgique.
Les organisateurs ont expliqué vouloir dénoncer « les folies qui menacent l’agriculture ». La veille au soir, des agriculteurs français et belges ont bloqué ensemble un point de la frontière, dénonçant « la distorsion de concurrence » entérinée par les accords de libre-échange, et réclamant « des annonces très fortes ».
Le président français Emmanuel Macron doit s’entretenir jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au sujet du « futur de l’agriculture européenne », a annoncé l’Elysée, avant l’ouverture du Sommet européen extraordinaire consacré au budget de l’UE et à l’aide à apporter à l’Ukraine.
« On a beaucoup de mal à survivre »
Les aides dégagées mercredi par les gouvernement français et portugais – d’un montant global de 500 millions d’euros pour Lisbonne – comme les concessions de la Commission européenne sur les jachères et les importations ukrainiennes, n’ont pas semblé trouver grâce aux yeux des agriculteurs. Ces derniers restaient mobilisés jeudi en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne et au Portugal.
Des centaines d’agriculteurs portugais bloquaient jeudi matin plusieurs axes routiers dont deux passages à la frontière avec l’Espagne, afin de réclamer une « valorisation de leur activité ».
« On a beaucoup de mal à survivre », a témoigné pour l’AFP Rui Sousa, 58 ans, qui participait à un rassemblement de dizaines d’agriculteurs à Golega, dans le centre du pays.
Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère, accumulation de normes, flambée des prix du carburant: certaines revendications se retrouvent dans la plupart des pays européens.
Mercredi soir le Premier ministre hongrois Viktor Orban est allé à Bruxelles à la rencontre des agriculteurs en colère, se plaçant du côté du « peuple » et fustigeant la concurrence « déloyale » des produits ukrainiens, au moment où le dirigeant nationaliste fait face à un front des autres 26 dirigeants européens sur l’aide à l’Ukraine.
L’Europe fait un pas vers les agrculteurs
Face à la colère qui s’exprime sur tout le continent européen, la Commission européenne a proposé d’accorder pour 2024 une dérogation « partielle » aux obligations de jachères imposées par la PAC et envisage un mécanisme limitant les importations d’Ukraine (volaille, oeufs et sucre).
Si Paris s’est félicité que Bruxelles ait « répondu aux demandes de la France », la dérogation intervient « tardivement » et les mesures sur les importations restent « insuffisantes », a regretté l’organisation agricole majoritaire dans l’UE, le Copa.
Autre sujet de friction qui reste en suspens à Bruxelles: la Commission négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui inquiète le secteur agricole et dont Paris ne veut pas en l’état actuel.
« Pas un métier de manifester »
En France, la présidente du 2e syndicat agricole représentatif Coordination rurale (CR), Véronique Le Floc’h, a suggéré jeudi aux agriculteurs « qui souhaitent monter sur Paris » de « venir à l’Assemblée nationale » afin que les députés « puissent venir à leur rencontre ».
Sur les 91 personnes interpellées en fin d’après-midi mercredi après une intrusion dans l’enceinte de Rungis, le plus grand marché de produits agro-alimentaires frais au monde,au sud de Paris, plus aucune n’était en garde à vue jeudi en milieu de matinée. Au petit matin, le calme régnait aux abords du marché.
En coulisses, le gouvernement consulte à tout-va pour trouver une sortie de crise. Pressé d’éteindre un conflit social à hauts risques, le Premier ministre Gabriel Attal prévoit une nouvelle conférence de presse, selon ses services, alors que les présidents des syndicats majoritaires du secteur, FNSEA et Jeunes agriculteurs, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, espèrent « des annonces dans la journée ».
Selon la FNSEA de Haute-Loire (sud-est), une cinquantaine de supermarchés a été visée dans la nuit de mercredi à jeudi par « environ 200 tracteurs » et leurs accès bloqués pour dénoncer le comportement « inapproprié » de la grande distribution qui « met une pression folle sur nos agriculteurs (…) avec des marges étouffantes ».
Bravo aux agriculteurs…il faut frapper a la tete cette UE pourrie jusqu a la moelle