Tracteurs allemands du côté de Schengen, manif d’agriculteurs à Longwy, paysans belges mobilisés… la contestation agricole entoure le Grand-Duché.
Cette fois-ci, c’est du côté de la frontière allemande qu’il fallait regarder pour voir des tracteurs débouler. Les paysans d’outre-Moselle ont mené, hier matin, une action coup de poing à 7 h. Les ponts entre Nennig et Remich, Wellen et Grevenmacher, mais aussi Perl et Schengen et Wincherange et Wormeldange ont été fermés à la circulation.
Les tracteurs allemands ont aussi ralenti la circulation en Lorraine, dans le secteur d’Apach. La circulation routière s’est faite au ralenti et il a fallu prendre son mal en patience jusqu’en milieu de matinée.
En Belgique, les agriculteurs ont ciblé, dans le zoning de Villeroux (Vaux-sur-Sûre, non loin de Bastogne), un dépôt du groupe Aldi. Dix camions ont pu se faufiler entre les tracteurs après la menace d’un envoi d’huissiers. L’action se poursuivait hier soir.
En Lorraine, les voies rapides menant à Longwy, dans le prolongement de l’A30, étaient toujours bloquées. L’A30 relie Metz et la Moselle-Nord en passant non loin de la frontière luxembourgeoise, du côté d’Esch-sur-Alzette. Des perturbations au niveau de la circulation ont eu lieu, les voitures étant obligées de quitter l’autoroute pour continuer leur voyage sur le réseau secondaire.
Dans la journée d’hier, un convoi d’agriculteurs est même parti du point de blocage pour se rendre à Longwy. Ils se sont rendus devant le Centre des finances publiques, avenue André-Malraux, pour y déverser du lisier et y déposer du fumier.
Cette action visait à dénoncer les multiples taxes qu’ils doivent payer. Pour l’instant, ils annoncent poursuivre leurs actions au moins jusqu’à aujourd’hui.
Une action aujourd’hui sur l’A31
L’A31 a d’ailleurs été épargnée cette semaine par les actions. Cela va changer. Selon les informations du Républicain lorrain, les paysans français annoncent vouloir procéder à des contrôles de camions frigorifiques, dès 10 h, dans le sens Luxembourg-Thionville, à hauteur de Kanfen (sortie 44), situé au niveau de la frontière grand-ducale.
L’objectif de l’opération? Prélever des échantillons afin de mettre au jour le non-respect des normes européennes. Une trentaine de tracteurs seront postés au niveau de la bretelle. Des bouchons risquent d’avoir lieu dans le secteur. En France, la contestation se concentre sur Paris.
Une centaine d’agriculteurs ont été interpellés hier après une intrusion en fin d’après-midi dans une «zone de stockage» du marché de Rungis, plus grand marché de produits frais du monde et point crucial d’approvisionnement de la capitale française. Un marché qui alimente aussi largement le Grand-Duché. Chez nos voisins, hier à la mi-journée, plus de 80 blocages, 4 500 engins et 6 000 manifestants étaient recensés dans le pays, selon une source policière.
Le mouvement de colère des paysans s’étend en Europe. La Pologne, la Roumanie, les Pays-Bas sont concernés, mais aussi l’Italie et l’Espagne depuis cette semaine
Politique européenne trop complexe, revenus trop bas, inflation, concurrence étrangère notamment des produits ukrainiens, flambée des prix du carburant : les mêmes revendications se retrouvent dans la plupart des pays européens confrontés au mécontentement agricole.
Face à la grogne, la Commission européenne a fait des concessions hier sur deux sujets principaux : elle propose d’accorder pour 2024 une dérogation «partielle» aux obligations de jachères imposées par la PAC et envisage un mécanisme limitant les importations d’Ukraine, notamment de volaille. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits.
Rencontre avec les jeunes agriculteurs
La ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, a rencontré hier les représentants de l’ASBL Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren. Cette entrevue fait partie d’une série de rencontres reflétant l’engagement du gouvernement à intensifier les échanges avec les acteurs du secteur agricole.
L’entrevue a été l’occasion de discuter d’une variété de thèmes d’actualité, dont les contraintes émanant d’obligations européennes, la mise en œuvre de l’actuelle loi agraire et la bureaucratie liée à la gestion de petites installations de biogaz, précise le ministère.
Parmi les points de discussion, l’éveil des jeunes à l’agriculture s’est distingué comme un point d’intérêt majeur pour les membres de l’ASBL. Martine Hansen a exprimé sa reconnaissance pour les initiatives diverses et innovantes mises en œuvre par les jeunes agriculteurs. Ces initiatives, telles que Fro de Bauer, Bauerenhaff an der Stad et les formations dispensées via des cours IFEN, jouent un rôle important dans l’éducation des élèves sur les réalités et les enjeux de l’agriculture.
Les jeunes agriculteurs se sont également dits volontaires et motivés lors de la réunion à trouver de nouvelles idées innovantes et durables pour diversifier davantage l’agriculture au Luxembourg. Or ils souhaitent un meilleur encadrement pour guider et conseiller les porteurs de tels projets.
Concernant la volonté d’accélérer la simplification administrative, la nouvelle ministre a lancé un appel aux jeunes agriculteurs pour qu’ils lui signalent les lourdeurs administratives qu’ils rencontrent au quotidien.